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- Lutte ouvrière n°1712
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Leur société
Le chômage diminue un peu, la précarité augmente beaucoup
Officiellement le nombre des demandeurs d'emploi a diminué de 0,6 % ce qui a conduit la ministre à se réjouir de la "vigueur de la diminution du nombre de demandeurs d'emploi de longue durée" qui sont pourtant au nombre de 674 600 pour ceux encore inscrits dans les fichiers de l'ANPE. Et au-delà de ces déclarations d'autosatisfaction et de ce pourcentage dérisoire, subsistent deux millions de personnes sans travail et même plus de deux millions et demi, si on ajoute ceux qui n'ont eu qu'une activité réduite dans le mois. Et autant dire qu'avec l'avalanche de réductions d'effectifs programmées par nombre de grands groupes, la perspective de retrouver un travail se trouve encore plus fermée.
La situation des chômeurs ayant subi un licenciement économique risque même de se détériorer à partir de juillet avec l'entrée en vigueur du PARE (le plan d'aide au retour à l'emploi) concocté par le Medef. A cette occasion, l'indemnisation des victimes de licenciements économiques risque d'être amputée par la mise en place d'un nouveau délai de carence à l'issue de la période dite de "reclassement", et la durée de celle-ci réduite dans les entreprises où elle excédait six mois.
Quant à la possibilité de retrouver un emploi, cela n'a rien d'évident. Le gouvernement n'est pas trop regardant quand il se félicite (lui-même et les patrons) de 100 000 créations d'emplois au premier trimestre de cette année. Non seulement ce nombre est sans commune mesure avec ce qui est nécessaire pour permettre à des millions de femmes et d'hommes de retrouver un travail et une vie convenables, mais il englobe les contrats les plus précaires et l'intérim. L'an dernier, par exemple, une embauche sur six s'est faite en intérim. Depuis 1990, l'emploi stable n'a progressé que de 2 %, et les emplois précaires, eux, sont montés en flèche, les CDD augmentant de 60 % et l'intérim de 130 % au point qu'en janvier de cette année, les travailleurs en intérim étaient 763 800, soit 4,5 % des salariés.
Profitant de la pression du chômage, de grands groupes comme Renault, Citroën, Peugeot, Usinor ou d'autres se servent de milliers de travailleurs en intérim pour adapter la main-d'oeuvre aux aléas de la production. Et bien que régulièrement le PS fasse mine de s'indigner et annonce, comme il l'a encore fait l'année dernière, une "action résolue contre la précarité", le gouvernement laisse libre cours aux desiderata des patrons.