Leur société

Commerce : licenciements et fortunes consolidées

Il ne se passe plus une semaine sans qu’une nouvelle chaîne de magasins, notamment d’habillement mais pas seulement, soit placée en redressement judiciaire.

licenciements et fortunes consolidées

Toutes ces enseignes ont fait et continuent de faire l’immense richesse de capitalistes répertoriés parmi les grandes fortunes du pays, et ce ne sont pas eux qui seront ruinés.

Vingt-quatre heures après l’annonce de la mise en redressement judiciaire de Kookaï, l’enseigne de chaussures André a connu le même sort. Et les 600 salariés de San Marina sont aussi dans la crainte de l’annonce, le 20 février, d’une liquidation judiciaire. La liste des défaillances ne fait donc que s’allonger, après Go Sport le 19 janvier mais aussi la liquidation de Place du marché (ex-Toupargel) le 12 janvier et celle de Camaïeu en septembre 2022, avec respectivement 1 900 et 2 600 licenciements. De leur côté, les riches familles propriétaires de ces enseignes se portent bien, très bien.

Ainsi, Kookaï, André et San Marina faisaient partie, jusqu’en 2020, du groupe Vivarte, propriété de la famille Descours, à la tête d’une trentaine d’enseignes, toutes aujourd’hui revendues ou liquidées, avec, au total des milliers de travailleurs jetés à la rue. Cela sans le moindre dommage pour la famille Descours, qui a recréé un groupe dans l’immobilier, le luxe et les vins et champagnes haut de gamme.

Il en est de même du côté de la famille Mulliez, 6e plus grosse fortune du pays, qui contrôle Auchan, Decathlon, Leroy Merlin et plusieurs dizaines d’enseignes. Dans les cinq dernières années, les Mulliez ont liquidé des magasins par dizaines chez Phildar, Jules, Brice, Picwic Toys ou Alinea. Aujourd’hui, les Mulliez ont décidé de se séparer de l’enseigne de vêtements Pimkie, la revendant à un repreneur tout en fermant une centaine de magasins sur 213 et en licenciant près de 500 salariés.

La liquidation de Toupargel a mis en lumière les frères Bahadourian, à la tête d’une fortune de 1,3 milliard d’euros. Ils continuent, via leurs holdings basées au Luxembourg, de diriger le reste de leurs sociétés, dont l’enseigne alimentaire Grand Frais.

La liquidation de Camaïeu, elle, a été l’occasion de rappeler la fortune de son propriétaire Ohayon, passée en un an de 900 millions à 1,1 milliard d’euros. Aujourd’hui, en plus de Go Sport et Gap, ce sont les trois holdings financières qui viennent d’être mises en redressement judiciaire. Les salariés de 22 Galeries Lafayette de province et ceux de trois hôtels de luxe sont menacés de perdre leur emploi, mais le PDG reste bien assis sur son tas d’or.

Les mises en redressement et les liquidations judiciaires n’ont certainement pas fini de se multiplier. Mais les travailleurs n’ont aucune raison de se soumettre aux décisions de tribunaux de commerce qui sont favorables à leurs riches propriétaires. Les salariés sont de plus en plus nombreux, face à une petite minorité de profiteurs fortunés, à voir leurs conditions de vie menacées. Il faut imposer que ces fortunes accumulées servent à garantir les salaires et les emplois.

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