Renault : conserver les emplois et les salaires !06/09/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2875.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault : conserver les emplois et les salaires !

En plein mois de juillet, juste avant les congés, la direction de l’usine Renault de Flins, dans les Yvelines, après l’avoir annoncée il y a trois ans, a précisé la date de la fin de la fabrication de la Zoe. Ce sera le 30 mars 2024.

C’est en novembre dernier que les dirigeants de Renault annonçaient leur projet de division en plusieurs entités, séparant notamment l’activité thermique, dénommée Horse, et l’activité électrique, appelée Ampère. Cette dernière devrait notamment regrouper les usines tournées vers la fabrication des voitures électriques, Douai, Maubeuge et Ruitz, dans les Hauts-de-France.

Le groupe Renault, qui annonçait des pertes depuis 2018, après les records de bénéfices des années précédentes, est selon la direction revenu « dans le vert ». Pour le premier semestre 2023, son chiffre d’affaires est en hausse de 27 % par rapport au premier semestre 2022, et son bénéfice atteint sur la même période 2,1 milliards d’euros. Renault annonce même disposer de 1,8 milliard de liquidités !

Cette autosatisfaction à l’usage des actionnaires et des investisseurs oublie la potion amère servie aux travailleurs des usines, des centres techniques et des bureaux d’études. Elle oublie les 15 000 emplois supprimés dans le monde en 2020, les ouvriers jetés au chômage, les conditions de vie aggravées pour ceux des fonderies, de Lardy, de la sous-traitance, les milliers d’intérimaires mis en fin de mission, les ateliers et usines menacés…

En mai 2020, Le Canard enchaîné annonçait déjà la fermeture de quatre usines. Celle de Choisy-le-Roi a fermé en juillet 2022. Quatre mois plus tard, la Fonderie de Bretagne était cédée pour un euro, avec la promesse que les emplois seraient maintenus jusqu’en 2025. La direction poursuit sa route avec l’usine de Flins, qui ne compte plus que 2500 travailleurs, dont quatre cinquièmes d’embauchés, au lieu de 20 000 dans les années 1970.

Tout se passera bien, prétend la direction de Flins. Les promesses ont fait place à d’autres promesses. Il y a toujours l’atelier d’emboutissage, une partie de la Tôlerie qui fabrique des pièces détachées, une partie de la Peinture, et un magasin de pièces détachées. Avant même l’arrêt total de la fabrication des Zoe, la direction baisse la cadence à six à l’heure. Ailleurs dans l’usine, outre les salariés déplacés de Choisy, quelque 140 travailleurs de l’atelier Refactory retapent des véhicules d’occasion. À BodyWork, d’autres encore travaillent la grosse carrosserie. Bien des travailleurs ont obtenu une mutation, d’autres attendant encore, et des dizaines d’entre eux, en CDI, ne savent pas où ils vont aller. Tout cela sans parler de leurs camarades de travail intérimaires qui, pour la grande majorité, sont partis vers… Pôle emploi.

Tout cela ne s’est pas passé en silence, car des débrayages ont eu lieu contre l’aggravation des conditions et des horaires de travail, pour obtenir des postes supplémentaires, contre le refus d’une mutation. Les travailleurs ont parfois obtenu gain de cause, mais l’incertitude demeure, à laquelle la direction répond par des promesses bidon.

Pour les travailleurs, l’urgence, quelles que soient les infos ou intox venant du patron, est de garder, de toute façon un poste et un salaire, et bien sûr des conditions de travail acceptables. Renault a grandement de quoi payer !

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