À défaut d’autre chose, cette agitation du président assure au moins le spectacle médiatique. Onze partis politiques, alliés de Macron ou dans l’opposition, se sont prêtés au jeu de la rencontre nocturne, en acceptant les règles surréalistes fixées par l’Élysée : les téléphones portables devaient rester à l’entrée de la salle, aucun contact avec l’extérieur n’était possible jusqu’à la fin des débats, dont les contenus ont été distillés à la presse après douze heures d’enfermement volontaire.

Pour le Rassemblement national, Jordan Bardella affichait sa satisfaction d’avoir été invité à « la nuit du président Macron » et d’être ainsi accepté dans la cour des grands pour soigner son image de respectabilité. Éric Ciotti, le président des Républicains, a comme Bardella agité le spectre de l’immigration. Cela ne pouvait effaroucher Macron, puisque lui-même ou certains de ses ministres usent de démagogie anti-immigrés, tout en se présentant comme des remparts face au Rassemblement national.

Mais c’est aux représentants des partis de gauche que Macron a concédé un nouveau hochet en annonçant la convocation, sans donner de date précise, d’une conférence sur les bas salaires. Elle serait censée ouvrir sur une révision des conventions collectives des branches dont les coefficients sont inférieurs au smic, alors que celui-ci a enregistré des augmentations automatiques en raison de l’inflation. Macron a annoncé cette conférence, après avoir répondu à Fabien Roussel du PCF qu’il était hors de question d’imposer aux patrons d’augmenter les salaires et que ceux-ci soient indexés sur les prix, ce qui annonce sans surprise que ce prochain raout ne sauvera en rien les travailleurs de leur flambée.

Ce simulacre de débat politique, habituellement retransmis à la télévision, s’est cette fois joué à huis-clos, car Macron en avait décidé ainsi. Tous ont été complices de cette mise en scène. Tous, et Macron lui-même, ont en outre reconnu à l’issue de la rencontre que, sur la guerre en Ukraine, l’union sacrée était au rendez-vous. La complicité est là, y compris pour approuver la participation à la guerre contre la Russie avec la peau des Ukrainiens. Une complicité sans laquelle Macron serait bien en peine de continuer son métier d’organisateur d’événements pour la galerie.