Canal de Panama : au régime sec06/09/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2875.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Canal de Panama : au régime sec

Le 24 août, l’autorité du canal de Panama a prolongé pour un an les mesures de restriction de passage. Seuls 32 navires, d’un tirant d’eau inférieur à 13,4 mètres, peuvent désormais emprunter chaque jour les 80 km du canal et ses gigantesques écluses reliant le Pacifique à l’Atlantique.

En ce début septembre, des dizaines de bâtiments attendent de chaque côté du canal et devront pour certains patienter trois semaines avant de pouvoir passer là où transitent habituellement 6 % du trafic maritime mondial, soit 500 millions de tonnes de marchandises diverses. Cette thrombose aura des conséquences, car la circulation des cargos transportant les matières premières, les carburants, les produits finis et semi-finis est le système sanguin de l’économie mondiale. Les principaux armateurs ont déjà annoncé une surtaxe de plusieurs centaines de dollars par conteneur, les charbonniers obligés de se dérouter par le cap Horn augmentent leurs prix de deux à trois dollars par tonne.

Le canal, ouvert en 1914 pour raccourcir de 10 000 km la route des bateaux reliant les deux côtes américaines, sert aujourd’hui essentiellement au trafic entre l’Asie et le port de New York. Quarante pour cent des conteneurs américains y passent. Il a été agrandi en 2016 et des navires, transportant 14 000 conteneurs avec un tirant d’eau de 15 mètres, ont été construits spécialement pour pouvoir l’emprunter au chausse-pied. Il leur faut maintenant soit se dérouter, soit s’alléger et débarquer une partie de leur cargaison à l’entrée pour la recharger à la sortie.

Chaque passage consomme 200 000 mètres cubes d’eau douce, rem- plissant les écluses par gravité et se déversant finalement dans l’océan. C’est précisément cette eau douce qui vient à manquer, pour cause de changement climatique et de déforestation dans la région du canal, c’est-à-dire, finalement, pour cause de recherche débridée du profit.

On manque donc d’eau douce pour boire et se laver, pour irriguer les cultures, pour refroidir les centrales nucléaires et, désormais, pour faire flotter les navires. En revanche, ceux qui présentent le capitalisme comme le dernier cri du génie humain ne manquent pas d’air.

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