Violences policières : la justice protège les agresseurs06/09/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2875.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Violences policières : la justice protège les agresseurs

Le 1er septembre, un des quatre policiers ayant grièvement blessé à la tête le jeune Hedi à Marseille en juillet a été libéré, après quarante jours de détention provisoire.

Sa remise en liberté a été saluée par les syndicats de police, qui la réclamaient à cor et à cris depuis le premier jour, soutenus par le directeur général de la police nationale et par le ministre de l’Intérieur Darmanin.

Depuis leur mise en examen le 17 juillet, pour violences volontaires en réunion par personnes dépositaires de l’autorité publique, les quatre policiers de la BAC n’ont cessé de mentir. Ils ont d’abord prétendu ne se souvenir de rien, puis nié avoir utilisé un LBD et porté le moindre coup à Hedi. Leurs mensonges ont été démolis par quatre vidéos différentes, qui ont permis de reconstituer minute par minute l’agression du jeune homme, depuis le tir de LBD jusqu’à son tabassage au sol, à coups de pieds, de poings et de matraques.

Sur les quatre agresseurs, seul le lanceur de LBD avait été mis en détention provisoire. Libéré, il reste sous contrôle judiciaire, avec interdiction d’exercer la profession de fonctionnaire de police. Ce traitement, exceptionnellement sévère pour un policier, s’explique par la volonté de l’État de calmer le jeu après les émeutes de juillet. Mais une fois l’émotion retombée, la règle de l’impunité pour les policiers demeure. Comme l’a déclaré l’avocat de Hedi, la suite de l’enquête est prévisible : les policiers auditionnés expliqueront en chœur l’avoir pris pour un émeutier et plaideront la légitime défense, et les juges feront semblant de les croire. La veille de la remise en liberté de l’agresseur de Hedi, la justice a d’ailleurs prononcé un non-lieu en faveur des trois gendarmes responsables de la mort d’Adama Traoré, asphyxié après un placage ventral en juillet 2016, dans le Val-d’Oise.

Par ces deux décisions de justice, l’État revient à ses fondamentaux : couvrir ses hommes en toute circonstance, quels que soient les exactions commises contre la population des quartiers populaires.

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