Allemagne : Fin du nucléaire en 2022, ou propagande électorale ?01/06/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/06/une-2235.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C166%2C228_crop_detail.png

Dans le monde

Allemagne : Fin du nucléaire en 2022, ou propagande électorale ?

L'annonce faite le 30 mai par la chancelière Angela Merkel de fermer toutes les centrales nucléaires en Allemagne d'ici 2022 a de quoi surprendre par son côté abrupt. D'autant plus que, quelques mois auparavant, elle fixait l'échéance en 2040 ou 2050 et, il y a deux ans, une loi avait été votée pour le prolongement d'une douzaine d'années de la durée légale d'exploitation des centrales nucléaires. Mais entre temps, des élections dans deux Länder ont été marquées par une forte avance des Verts (Die Grünen) au détriment, entre autres, du CDU, le parti conservateur d'Angela Merkel.

Actuellement, les dix-sept centrales nucléaires allemandes couvrent 22 % des besoins énergétiques du pays, le reste provenant de centrales fonctionnant au charbon (43 %), d'énergies renouvelables (18 %) et d'importations. Après la catastrophe de Fukushima, huit centrales nucléaires, parmi les plus anciennes ou une sujette à des pannes à répétitions, avaient été arrêtées. Le plan de sortie du nucléaire prévoit l'arrêt de sept autres fin 2021, et les trois plus récentes fin 2022. Elles seraient remplacées par des centrales fonctionnant au charbon (neuf seraient en cours de construction) ou au gaz, ainsi que par l'augmentation des importations, provenant entre autres de France... où le nucléaire est largement majoritaire ! Le développement des centrales thermiques entraînera bien évidemment une hausse des rejets de CO2 dans l'atmosphère, que la chancelière dit vouloir contrebalancer par des économies énergétiques sur l'habitat ou la production industrielle.

Bien évidemment, ce changement de cap a un coût, qui sera supporté par les consommateurs. Déjà, suite à la loi de 2009 sur les énergies renouvelables, la taxe sur l'électricité a doublé en deux ans, passant de 1,5 à plus de 3 centimes d'euro le kilowatt/heure, et l'on parle d'une hausse probable de 20 % des tarifs de l'électricité avec l'abandon du nucléaire. De plus, les grandes compagnies propriétaires des centrales n'entendent pas que soit mis fin à leur pactole : selon RFI, « chaque réacteur arrivé en bout de course et maintenu en activité dégage un million d'euros de bénéfices net par jour ». Deux d'entre elles ont déjà contre-attaqué, RWE portant plainte contre la fermeture de deux centrales dans le Land de Hesse, et E.ON contre la taxe sur le combustible nucléaire qui doit entrer en vigueur en janvier prochain.

Le gouvernement d'Angela Merkel tiendra-t-il cette promesse de « sortir du nucléaire » en 2022 et dans ce cas, comment la fourniture énergétique sera-t-elle assurée en Allemagne ? Tout ce qu'on peut supposer, c'est qu'il tiendra au moins le même langage jusqu'en 2013, date des prochaines élections générales !

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