Allemagne : Les cheminots se battent pour l'égalité des salaires01/06/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/06/une-2235.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C166%2C228_crop_detail.png

Dans le monde

Allemagne : Les cheminots se battent pour l'égalité des salaires

Depuis deux mois les grèves et les débrayages se poursuivent dans les chemins de fer allemands.

Après avoir paralysé à plusieurs reprises en mars le réseau de la Deutsche Bahn (DB), le syndicat des agents de conduite GdL (qui annonce organiser 75 % de l'ensemble des agents de conduite allemands, et 80 % de ceux de la DB) a signé en avril un accord avec la compagnie ferroviaire publique, portant sur une revalorisation des salaires de 2 % cette année alors qu'il avait donné comme perspective au mouvement une augmentation de 5 %. Mais depuis, le GdL a poursuivi le combat dans les compagnies privées.

À partir de 1994 le trafic ferroviaire (de marchandises mais aussi voyageurs) a en effet été officiellement « libéralisé » en Allemagne. Ce processus s'est accéléré depuis l'an 2000 et aujourd'hui environ 6 000 conducteurs travaillent pour de telles compagnies, contre 20 000 qui sont employés par la DB. Et dans ces entreprises, comme Arriva ou Abellio, les agents de conduite gagnent en moyenne 30 % de moins que ceux de la Deutsche Bahn.

Début 2011, un accord a bien été conclu entre les six principales compagnies privées et le syndicat EVG, lié à la grande centrale syndicale DGB mais minoritaire chez les agents de conduite, en vue de « l'harmonisation entre le public et le privé ». Mais il prévoyait des salaires inférieurs de 6 % pour les conducteurs employés par les concurrents de la DB, et une augmentation du temps de travail.

Le GdL met de son côté en avant l'objectif d'une convention collective « cadre », qui s'appliquerait à l'ensemble des agents de conduite allemands. Outre la même grille de salaires, elle impliquerait une garantie d'emploi en cas de changement d'opérateur. Bien sûr la volonté du GdL d'assurer sa place de représentant principal des agents de conduite, aujourd'hui menacée par un projet commun du DGB et du patronat contre les syndicats minoritaires, n'est pas étrangère à sa détermination. Mais, quoi qu'il en soit, l'établissement d'une telle convention unique représenterait un progrès et un appui aux salariés pour lutter contre le dumping salarial. Ce serait d'autant plus justifié que nombre de ces entreprises ne sont pas des PME, mais des filiales de grands trusts internationaux, à commencer par la principale d'entre elles, la française Veolia Transport. Autant dire qu'elles ont largement les moyens de payer des salaires décents.

Pour l'instant un accord n'a été trouvé qu'avec certaines compagnies privées, d'autres ont accepté de négocier avec le syndicat. Mais beaucoup le refusent, ont recours aux menaces voire au lock-out, pour pouvoir continuer à profiter de salaires au rabais. Alors, le mouvement se poursuit et il est bien suivi. Mêmes conditions de travail, mêmes salaires : c'est en tout cas la bonne direction, pas seulement pour les agents de conduite, mais pour l'ensemble de la classe ouvrière.

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