Chine : Un dissident condamné à 11 ans de prison30/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2161.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chine : Un dissident condamné à 11 ans de prison

Le 25 décembre, Liu Xiaobo, un professeur de littérature âgé de 53 ans, a été condamné à onze ans de prison lors d'un procès où il était accusé de « subversion du pouvoir d'État ». Une poignée de ses soutiens étaient présents devant le tribunal. Ils n'ont eu que le temps de déployer une banderole en faveur du condamné avant que les policiers présents ne la confisquent. Bien qu'il ait fait appel, l'opposant a été emprisonné.

Liu Xiaobo est un contestataire connu du régime chinois depuis les événements de Tiananmen, en 1989. Maître de conférence à l'École normale supérieure de Pékin, il était apprécié parmi les étudiants pour ses critiques des valeurs traditionnelles chinoises. Après sa participation à la protestation de la place Tiananmen, il avait été emprisonné pendant vingt mois, mais a tenu à rester en Chine à sa sortie de prison. Il n'a jamais cherché à profiter de ses activités de chercheur invité dans des universités, à New York, Hawaï ou Oslo, pour choisir l'exil.

Et en 1996 il a été à nouveau enfermé pour trois ans dans un camp de « rééducation par le travail », pour avoir, selon les autorités chinoises, « fomenté régulièrement des troubles et provoqué des atteintes à l'ordre public ».

Libéré en 1999, il est resté à Pékin et a continué à dénoncer la politique du régime dans des revues publiées à Hong-Kong ou à l'étranger.

Il a été arrêté en décembre 2008 pour avoir rédigé la Charte 08, imitée de la charte rédigée en 1977 par des dissidents tchèques (la Charte 77). Dans ce texte, il plaide pour un retour de la démocratie en Chine, pour le multipartisme et la fin du régime de parti unique, et la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire - des exigences qui figurent d'ailleurs dans la Constitution chinoise mais ne sont pas appliquées.

La Charte 08 a reçu le soutien d'environ dix mille signataires, des professeurs ou des écrivains, mais aussi des membres du PC chinois et des fonctionnaires.

Avec cette condamnation, le régime cherche à couper court au développement de cette contestation. Et la lourdeur de la peine découle en partie du fait que Liu Xiaobo est resté constant dans ses opinions malgré ses précédentes condamnations.

La férocité du régime chinois est connue. Les émeutes de la minorité turcophone, en juillet dernier dans le Xinjiang, ont entraîné depuis la condamnation à mort de 22 personnes, dont neuf ont déjà été exécutées. Le régime vient également d'exécuter un ressortissant britannique accusé de trafic de drogue. De telles pratiques font du régime de Pékin une dictature sanglante dans une région du monde qui n'est pourtant pas avare en régimes autoritaires.

Quant aux protestations hypocrites des États-Unis ou de l'Union européenne, le régime s'en sert à charge contre les opposants.

La veille de la condamnation, le Premier ministre Fillon, présent à Pékin pour mettre fin à la brouille entre la Chine et la France au sujet du Tibet, s'est bien gardé de manifester un soutien clair au dissident chinois. De cette façon, il a pu rentrer à Matignon avec, sous le bras, six milliards d'euros de contrats de fournitures aéronautiques destinées au nouvel avion chinois C919.

Aucune grande puissance n'a en effet l'intention de se mettre mal avec ce régime. Une multitude d'entreprises capitalistes, européennes ou américaines, font en effet de bonnes affaires avec lui.

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