Après la prime à la casse, la casse ? L'État a sauvé les patrons de l'automobile30/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2161.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Après la prime à la casse, la casse ? L'État a sauvé les patrons de l'automobile

Qu'est devenue la « crise de l'automobile » ? À la fin de 2009, les ventes sont en train d'atteindre en France des records, avec plus de 2,2 millions de véhicules, chiffre aussi bon qu'en 2001. Avec le maintien de la « prime à la casse » de 1 000 euros jusqu'à la fin de l'année, les boutiques des concessionnaires ne désemplissent pas et restent ouvertes jusqu'au 31 décembre.

Pourtant, l'année dernière, c'était la panique dans ce secteur. Ventes et immatriculations s'effondraient et le patron de Renault, Carlos Ghosn, évoquait même une question de « survie ». Les réserves financières des actionnaires demeuraient bien sûr considérables, mais les profits étaient menacés. Il fallait donc que l'État joue son rôle traditionnel de béquille au bénéfice du patronat en difficulté.

Pour commencer, le 4 décembre 2008, Sarkozy a annoncé l'instauration d'une « prime à la casse » de 1 000 euros, versés par l'État à chaque acheteur d'une voiture neuve à condition que celui-ci mette à la casse son précédent véhicule, qui devait avoir plus de dix ans. Âge que certains constructeurs ont fait passer à neuf ans ou huit ans grâce à une ristourne supplémentaire. Sarkozy rééditait les précédentes primes, balladurette et juppette, qui avaient un moment dopé l'industrie automobile.

Combien de véhicules seront concernés par la prime à la casse ? On le saura exactement en janvier 2010. Mais il est question de 500 000. À mille euros pièce il est facile de faire le calcul : cela représente 500 millions aux frais de l'État. Les automobilistes qui en ont bénéficié sont satisfaits, les constructeurs encore davantage, car cette somme, pour importante qu'elle soit, n'est que la partie mineure de l'aide de l'État.

En effet le 20 janvier dernier s'ouvraient les États généraux de l'automobile réunissant ministres et patrons. À cette occasion, Fillon promettait au secteur de l'automobile une aide de cinq à six milliards d'euros sous forme de prêts garantis ou à taux bonifiés, etc.

Il y avait toutefois une condition : qu'il n'y ait aucune fermeture d'un site de production, en France. Les constructeurs s'y sont engagés d'autant plus facilement qu'ils ont licencié un grand nombre d'intérimaires et qu'ils ont mis parfois les travailleurs de chez Renault, Peugeot, Citroën en chômage partiel... mais sans fermer d'usine. Les équipementiers eux aussi ont largement mis des travailleurs sur le pavé, leur production ayant baissé de 20 à 25 %.

La prime à la casse de 1 000 euros s'achève fin 2009. Une prime de 700 euros prend le relais, pour que l'atterrissage se fasse en douceur. Mais de toute façon, prime ou pas, ceux qui viennent d'acheter une voiture ne vont pas en racheter une autre de sitôt. La prime à la casse, tout comme les balladurette et juppette, n'aura fait reculer le problème que pour mieux y sauter.

En attendant, les patrons et les actionnaires sont parvenus à maintenir leurs profits.

C'est toujours cela de gagné et puis, si cela se mettait de nouveau à aller vraiment très mal... il y aurait toujours le recours à l'État et à sa générosité, jamais démentie envers le patronat.

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