Gaza : Un mur d'acier contre les tunnels30/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2161.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Gaza : Un mur d'acier contre les tunnels

Le gouvernement égyptien a confirmé la construction, le long de ses quinze kilomètres de frontière avec la bande de Gaza, d'une barrière de métal destinée à obturer les tunnels existants et à empêcher le creusement d'autres passages souterrains. Il a entrepris la construction de cette barrière avec l'aide de spécialistes délégués par le gouvernement américain.

Ces centaines de tunnels transfrontaliers, construits à la sauvette, constituent une des rares sources de travail et d'approvisionnement en produits indispensables aux Gazaouis. Gaza : 360 km² surpeuplés, où vivent environ 1,4 million de Palestiniens étranglés par un blocus israélien qui dure depuis plus de deux ans. À fortiori, cet approvisionnement et ces activités rendus possibles grâce aux tunnels vers l'Égypte sont devenus totalement indispensables depuis les opérations meurtrières menées par le pouvoir israélien contre Gaza, il y a juste un an, sous le nom significatif de « Plomb durci ».

Cette agression militaire, censée mettre un terme aux tirs de roquettes lancées de Gaza, a tué en quelques semaines 1 400 Palestiniens, dont plus de 500 enfants, et en a blessé plus de 5 000. Dans les rangs israéliens, on a dénombré 13 morts. Les dégâts matériels, liés aux bombardements aveugles ou au contraire ciblés sur écoles ou hôpitaux, sont difficiles à chiffrer. De champs de ruines en infrastructures inutilisables, comme le réseau d'eau potable ou d'évacuation des eaux usées, de terres arables incultivables en oliveraies dévastées, la vie à Gaza tient plus de la survie, sous la tente pour beaucoup de familles, de femmes entourées d'enfants. Certaines familles parviennent à toucher, des responsables du Hamas qui gouverne Gaza, 4 000 euros pour reconstruire une habitation totalement détruite. Parfois s'y ajoutent 5 000 euros venant de l'Autorité palestinienne, depuis Ramallah.

Après la destruction systématique et la terreur semées par l'armée israélienne, quelques chiffres recueillis récemment par la Banque mondiale donnent une faible idée de la situation de la population. 2 % seulement des PME industrielles continuent de fonctionner, au nombre de 90 contre 3 500 en 2005. Sur le plan agricole, un exemple : sur 2 500 tonnes de fraises produites, seules 109 ont pu être exportées. Les deux tiers des foyers sont en dessous du seuil de pauvreté défini par l'ONU.

Dans la vie quotidienne, les quatre cinquièmes des Gazaouis dépendent de l'aide alimentaire des ONG ou de l'ONU. 60 % d'entre eux n'ont qu'un accès intermittent à l'eau potable, l'évacuation des eaux usées étant à la limite de la rupture, comme l'a montré un reportage de l'émission Thalassa, dont les reporters ont filmé le déversement inquiétant des eaux polluées non retraitées dans les eaux côtières.

Les tunnels, tout dangereux qu'ils soient - 117 personnes y ont trouvé la mort en un an, essentiellement du fait d'effondrements, mais aussi de tirs israéliens -, restent donc un indispensable « poumon » pour la population, ne serait-ce que pour l'approvisionnement en ciment indispensable, même quatre fois plus cher qu'avant. Les autorités égyptiennes, en dépit du commerce que les tunnels entretiennent, en ont déjà gazé ou détruit un certain nombre. Mais le gouvernement de Moubarak, et derrière lui les États-Unis et des alliés occidentaux, ont décidé de grimper d'un cran dans l'encerclement de Gaza et de sa population, explicitement dans le but de faire plier les responsables politiques du Hamas.

Il est pourtant clair que, même si des officiels israéliens remettent à présent en doute l'utilité du blocus, la politique d'étouffement de la population de Gaza ne peut que contribuer à renforcer le désespoir de celle-ci et, partant, l'influence du Hamas.

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