Guinée : Militaires assassins30/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2161.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Guinée : Militaires assassins

L'ONU a publié le 21 décembre un rapport accablant sur les massacres perpétrés en septembre à Conakry, la capitale de la Guinée, et sur les responsabilités de la junte militaire au pouvoir : « Il est raisonnable de conclure que les crimes perpétrés le 28 septembre 2009 et les jours suivants peuvent être qualifiés de crimes contre l'humanité » et « Il existe des raisons suffisantes de présumer une responsabilité pénale directe du président Camara et de plusieurs autres responsables guinéens, dont son aide de camp et le ministre chargé des services spéciaux. »

Le rapport, établi en interrogeant 700 témoins, donne le chiffre de 105 morts ou disparus et de 109 femmes ou jeunes filles victimes de viols ou de mutilations sexuelles. Mais la commission d'enquête reconnaît que ces chiffres sont très certainement sous-estimés.

On n'avait bien sûr pas besoin de l'ONU pour savoir que la junte militaire, au pouvoir depuis décembre 2008, n'avait pas hésité à réprimer sauvagement des manifestants rassemblés dans un stade pour protester contre la décision de Camara de se présenter aux élections présidentielles de 2010, alors qu'il avait pris l'engagement de ne pas le faire pour permettre le retour des civils au pouvoir.

Des témoignages avaient dénoncé la sauvagerie des militaires de la garde présidentielle, les sinistres Bérets Rouges, qui avaient tiré sans sommation sur les manifestants, avant de faire la chasse aux opposants durant deux jours dans toute la ville. Le rapport de l'ONU parle de tirs en rafale, de civils fauchés à l'arme automatique, au poignard, à la baïonnette, tabassés à mort à coups de planches à clous, ou encore de femmes violées et mutilées, quand d'autres étaient enlevées pour servir d'esclaves sexuelles dans les camps de l'armée et les villas des officiers. Dans les hôpitaux, des blessés furent achevés sur place, etc. L'ordre ne fut rétabli à Conakry qu'au prix d'un bain de sang.

Près de trois mois après le massacre, le refus de cet ordre par les Guinéens est toujours aussi fort. Ils en ont assez de ces militaires qui vivent sur leur dos, les pillant et les rançonnant, les plongeant dans une misère qui ne fait qu'augmenter du fait des conséquences catastrophiques de la crise financière dans un pays pauvre comme la Guinée. Car les trusts français, dont Bolloré, qui contrôle les activités portuaires et maritimes du pays, ou encore Total, Axa ou la BNP et la Société Générale, largement implantés dans le pays, n'ont que faire du sort de la population, pourvu que l'État guinéen les aide à maintenir leurs profits.

Avec ce rapport de l'ONU qui demande que les responsables militaires des massacres, Camara en tête, soient traduits devant une cour pénale internationale, les grandes puissances, dont l'impérialisme français, semblent prendre du champ avec une dictature peu présentable. Camara, actuellement soigné au Maroc à la suite d'une tentative d'assassinat, pourrait peut-être ne pas en revenir. Mais, qu'il reste au pouvoir ou qu'il soit remplacé par un civil ou un autre militaire plus présentable, l'objectif essentiel pour l'impérialisme français sera de défendre les intérêts de ses trusts.

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