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- Lutte ouvrière n°2161
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Editorial
Que 2010 soit une année de luttes ouvrières victorieuses !
La nouvelle année va voir l'entrée en application de nouvelles mesures gouvernementales qui vont encore aggraver les difficultés que rencontrent les classes populaires.
La hausse du forfait hospitalier, qui va passer à 18 euros par jour, le taux de remboursement par la Sécurité sociale de cent dix médicaments qui va être ramené de 35 % à 15 %, sans parler des nombreux déremboursements passés et à venir, vont rendre l'accès aux soins de plus en plus difficile pour des millions de travailleurs. Les mutuelles compenseront, nous disent les porte-parole du gouvernement. Mais dans les classes populaires, nombreux sont ceux qui n'ont pas de mutuelle ou qui ont été obligés d'y renoncer parce que cela est trop cher pour leur revenu. Et, pour ceux qui en ont une, leur prix va encore augmenter, de 5 % en moyenne d'après le président de la Mutualité française, parce qu'elles vont évidemment répercuter sur leurs adhérents ces nouvelles charges, comme la taxe sur leur chiffre d'affaires que le gouvernement a mise en place cette année sous prétexte de les faire participer à la croisade contre la grippe H1N1.
Le 1er janvier aurait dû aussi voir entrer en application la taxe carbone, dont le gouvernement prétendait qu'elle serait compensée par une diminution d'impôt forfaitaire de quelques dizaines d'euros. Le Conseil constitutionnel l'a finalement retoquée, tant la différence de traitement était grande entre les pollueurs industriels, pratiquement tous exonérés, et les simples citoyens, en particulier tous ceux qui ont dû émigrer vers des banlieues lointaines pour trouver des loyers abordables, et qui, faute de transports en commun suffisants, sont obligés de prendre leur voiture pour de longs parcours afin d'aller travailler, qui se chauffent au fioul ou au gaz. Mais le gouvernement s'est empressé d'annoncer que sous quinze jours il présenterait une nouvelle mouture de sa loi, dont on peut être sûr qu'elle ne sera pas plus favorable aux classes populaires.
Mais tout n'augmente pas pour tout le monde. 2010 sera aussi l'année de la suppression de la taxe professionnelle, cadeau royal offert au grand patronat - confirmé lui par le Conseil constitutionnel - qui vient s'ajouter à la cascade d'exonérations de cotisations sociales dont bénéficient les patrons. Évidemment, la disparition de cette taxe, qui comptait pour beaucoup dans le budget des communes, va forcément les amener à augmenter les impôts locaux. Mais de cela, le gouvernement se moque bien. Il est ouvertement, cyniquement, au service des plus riches et s'emploie à faire supporter le poids de la crise du système capitaliste aux classes laborieuses.
Les licenciements, les fermetures d'entreprise, continuent. Le nombre de chômeurs qui arrivent en fin de droits explose. Le smic ne sera augmenté que de 0,5 % au 1er janvier, parce que le patronat, le gouvernement et leurs prétendus experts affirment que les entreprises ne supporteraient pas plus. Mais Le Figaro du 28 décembre pouvait se réjouir en proclamant à sa une « Bourse de Paris : l'année du rebond », parce que le CAC40 avait gagné 22 % dans l'année... grâce aux milliards injectés dans les banques et les entreprises par l'État, ce qui permet à la spéculation de continuer comme par le passé. C'est que, pour les riches, Sarkozy est vraiment le Père Noël, avec une hotte pleine de cadeaux.
Des cadeaux, le monde du travail, lui, n'a pas à en attendre de ce gouvernement au service des possédants. Il n'en a pas à attendre non plus des grands partis politiques qui ne proposent que de « bien » voter aux prochaines élections, pour chasser l'UMP... et pour mener à sa place une politique tout aussi favorable au patronat, comme ils l'ont fait dans le passé. Mais ce monde du travail a le moyen, lui qui produit tout, lui qui fait fonctionner toute la machine économique, d'inverser le cours des choses, pour peu qu'il prenne conscience de la force qu'il représente.
C'est le seul voeu raisonnable que l'on puisse formuler à la veille de cette nouvelle année : qu'une légitime et sainte colère s'empare des travailleurs et leur permette d'imposer aux industriels et aux banquiers de supporter les conséquences de leur système économique dément.
Arlette Laguiller
Éditorial des bulletins d'entreprise du 28 décembre