La saison touristique d'hiver est à peine entamée que, comme chaque année en Haute-Savoie, des centaines de travailleurs saisonniers « campent » comme ils le peuvent, dans des caravanes, des camionnettes bricolées, faute de logements dans les stations pour les accueillir. Et comme chaque année, il se trouve des notables locaux pour vouloir interdire le stationnement de ces camping-cars de fortune dans les stations.

Cette fois, c'est à la station des Carroz-d'Araches (domaine du « Grand Massif », incluant Samoens et Flaine) que le scandale a éclaté. La municipalité vient d'obliger les saisonniers à « camper » hors de la station, à plusieurs kilomètres, sur un terrain dépourvu de sanitaires, d'eau et d'électricité... en leur faisant en plus payer dix euros par jour ! Les saisonniers ont alerté les militants CGT de Cluses, et l'UD-CGT de Haute-Savoie a dénoncé publiquement ce scandale.

Ce n'est pas là un cas isolé. Ainsi, en début de saison, la police municipale de Megève a fait la chasse aux caravanes. Non loin de là, à Praz-de-Lys, la municipalité a pris un arrêté interdisant leur stationnement la nuit. Quant à Chamonix, après plusieurs années de « chasse » (à la demande des riches propriétaires de résidences), elle a autorisé cette saison un stationnement de vingt places viabilisées sur le parking du Grépon, face à l'Aiguille du Midi... sauf que les saisonniers sont déjà une cinquantaine à y camper !

Le manque de logements pour les saisonniers perdure depuis des années. En 2001, une étude officielle de la DDE chiffrait les besoins immédiats du département à 1 500... et depuis cette date, seulement 300 logements ont été mis à disposition.

Les hôteliers, les restaurateurs et les notables de ces stations sont bien contents de profiter de « l'or blanc » et ce, grâce aussi au travail de milliers de travailleurs saisonniers (environ 20 000 rien que pour la Haute-Savoie). Mais peu leur importe de ne pas leur fournir des conditions de logement décentes. Que leur travail rapporte, ça oui, mais il ne faut pas que leur misère s'étale au grand jour, au coeur des stations, surtout quand la clientèle est « haut de gamme »...