Face aux licenciements : La passivité des confédérations syndicales29/07/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/07/une2139.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Face aux licenciements : La passivité des confédérations syndicales

Le silence des dirigeants de la CGT sur les luttes engagées contre les licenciements a été remarqué. Mais ils viennent de s'exprimer.

Dans un communiqué du 24 juillet, la confédération CGT a ainsi déclaré : « Les salariés confrontés à des restructurations sont contraints d'avoir recours à des formes d'action dont ils ont le sentiment qu'elles exercent une pression maximum. Le traitement médiatique de l'actualité et les premiers résultats issus des premières négociations avec le ministère du Travail semblent leur donner raison. (...) Il y a des responsabilités à cette situation d'escalade que nous ne pouvons que déplorer sans pour autant les condamner ». Ces « responsabilités » face à une certaine radicalisation de salariés qui se battent le dos au mur, les dirigeants de la CGT les imputent d'abord à « l'absence de dialogue social » et ensuite au fait que, selon eux, « dans les entreprises où les conflits se durcissent, il n'y a pas de patrons responsables et à même de prendre des décisions ».

Il semblerait pourtant, que dans la plupart des entreprises, il y ait bien des patrons « responsables » et « à même de prendre des décisions »... de licenciements, et que s'il n'y a pas de « dialogue social » en la matière, c'est bien un choix de l'ensemble du patronat couvert par le gouvernement

Les dirigeants de groupes bien identifiés, Renault, Peugeot, Michelin se conduisent comme des voyous et jettent des salariés à la rue, directement ou par l'intermédiaire de sous-traitants qu'ils contrôlent, malgré des promesses mensongères et l'encaissement de milliards d'aides. Là comme ailleurs les travailleurs n'imposent le respect à leurs patrons qu'en se révoltant. Et on peut ajouter à cette liste les patrons, bien connus eux aussi, de Continental, Goodyear, Caterpillar, Alcatel-Lucent, etc, etc. La confédération CGT n'a-t-elle rien à dire sur ces « responsabilités » bien identifiées du patronat et du gouvernement ?

Il faut le croire. En tout cas, Maurad Rhabi, secrétaire confédéral de la CGT, dans une interview donnée le 25 juillet au Parisien, et interrogé sur le silence de tous les dirigeants confédéraux face à la « radicalisation » des conflits sur l'emploi, déclarait : «Les directions des confédérations n'ont pas à intervenir en première ligne dans les conflits locaux. C'est aux responsables des fédérations professionnelles et des unions départementales de le faire. La CGT, la CFDT et FO ont plus ou moins la même approche. Dans l'entreprise c'est le rôle des délégués de défendre les salariés ». Mais cela ne l'empêche pas de dire ce qu'il ne faut pas faire ; ainsi, d'après lui : « Les organisations syndicales n'ont pas à pousser à la violence... Il n'y aura pas de grève générale. Le grand soir c'est dans les livres ». Et d'ajouter, « dans un conflit dur, tout responsable syndical qui a la tête sur les épaules (c'est-à-dire qui est dans la ligne des dirigeants confédéraux ?) craint d'être à tout moment débordé... D'autant que certains activistes, notamment d'extrême gauche, n'hésitent pas à venir pour tenter d'instrumentaliser les gens ». Est-ce donc cela « les responsables » évoqués à mots couverts par la confédération dans son communiqué ?

Les dirigeants de la première organisation syndicale du pays se désolidarisent ainsi en fait de leurs propres militants et responsables locaux et les abandonnent dans les combats difficiles sur l'emploi. Et voilà encore qu'ils accusent les militants d'extrême gauche « d'instrumentaliser » les travailleurs, s'ils sont avec eux lorsqu'ils se défendent !

Mais, non seulement les confédérations syndicales restent passives face aux attaques sur l'emploi qui se produisent dans tout le pays et dans toutes les branches professionnelles, de plus cela ne les empêche pas de continuer parallèlement des palabres inutiles avec le gouvernement et le patronat. Ceci explique d'ailleurs cela. En réalité, elles s'adressent justement au gouvernement et aux patrons, responsables des attaques en cours, en leur demandant d'être associées à leurs décisions, pour tenter au moins de mettre en valeur le rôle de leurs appareils. Ce n'est pas un tel « dialogue social » qui rapportera quoi que ce soit aux travailleurs.

Cette attitude des grandes centrales les déconsidère auprès de bien des travailleurs qui s'interrogent à ce sujet dans le pays. Au contraire, parmi les travailleurs, parmi les militants syndicaux, la nécessité d'une riposte commune et concertée de l'ensemble du monde du travail doit faire son chemin. C'est la seule conclusion logique pour tous ceux qui sont obligés de se battre isolés dans leur usine ou leur bureau, et il n'y a pas d'autre voie pour imposer au patronat et aux gouvernants la fin de la spirale infernale des licenciements de la seule façon qui soit : par leur interdiction.

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