New Fabris - Châtellerault (Vienne) : Toujours en lutte pour les 30 000 euros29/07/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/07/une2139.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

New Fabris - Châtellerault (Vienne) : Toujours en lutte pour les 30 000 euros

Mobilisés depuis l'annonce de la liquidation de leur entreprise, les travailleurs de New Fabris réclament que Renault et PSA, les principaux donneurs d'ordre qui ont mis brutalement fin à leurs commandes, versent 30 000 euros d'indemnités extra-légales à chacun des 366 travailleurs de l'usine licenciés.

Estrosi, ministre de l'Économie, qui avait pourtant dit « je ne reçois pas sous le coup de la menace », a dû finalement écouter les représentants syndicaux mercredi 22 juillet. Auparavant, il s'était répandu en déclarations sur le fait qu'il privilégiait l'emploi aux primes : « Je ne veux pas privilégier la prime. (...) La prime c'est une impasse (...) parce qu'au terme de la prime, il n'y a plus de boulot et il y a des territoires totalement dévitalisés ». S'il est vrai que les indemnités de licenciement, quel que soit leur montant, ne sont pas la solution idéale, ce n'est pas aux licenciés de New Fabris qu'Estrosi doit donner ses leçons mais à Renault et PSA. Ce sont eux, en effet, qui ruinent des régions en retirant leurs commandes aux sous-traitants, ce qui contribue à les couler avec les conséquences que l'on voit pour les ouvriers. Et s'il privilégie vraiment l'emploi, alors qu'il exige que Renault et PSA embauchent les travailleurs victimes de leurs décisions.

Lors de cette réunion, tout ce qu'Estrosi avait à présenter était le rachat par Renault et PSA du stock des 50 000 pièces que les grévistes contrôlent. Cela représenterait 11 000 euros par personne. À cela, il ajoutait l'indemnité légale liée à l'ancienneté à condition de signer le Contrat de Transition Professionnelle (qui assurerait 80 % du dernier salaire, sans aucune garantie de retrouver un emploi par la suite). Estrosi, qui pour le coup a mérité le surnom d'« Escrosi », n'a pas hésité à dire que cela représentait 28 500 euros (17 500 euros d'indemnités légales + 11 000 euros) par travailleur et qu'en conséquence on n'était pas loin des 30 000 euros. Il avait juste oublié de dire que, pour prétendre à l'indemnité légale de 17 500 euros, il fallait avoir au moins trente ans d'ancienneté, ce qui ne représente que 15 à 20 % des travailleurs. Après de rapides calculs, avec cinq ans d'ancienneté cela ferait 1 500 euros, avec dix ans 3 500.

À l'assemblée générale du lendemain, sa proposition a été largement conspuée par les 250 travailleurs présents, comme celle du sénateur UMP et ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, consistant à créer un fonds de 500 000 euros pour la formation dans le département (ce qui ne répond en rien à la revendication des ouvriers ni n'assure un tant soit peu leur avenir). Quant à la somme que Renault et PSA étaient prêts à verser pour le rachat des pièces, un certain nombre de participants à l'AG ont bien fait remarquer que ces constructeurs avaient touché des milliards d'aide de la part de l'État et qu'ils pouvaient payer les 30 000 euros. Un certain nombre de politiciens étaient là, ou plutôt devant les caméras des journalistes que « l'affaire des bonbonnes de gaz » attirait, notamment une adjointe au maire de droite de Châtellerault, qui exhortait à un départ digne. Devant les huées des travailleurs, le sien a été quelque peu raté.

L'assemblée a voté l'organisation d'une manifestation pour le jeudi 30 juillet ; tous les travailleurs victimes de licenciements étant appelés à s'y joindre. D'ici là, d'autres assemblées générales étaient prévues pour faire le point. Lundi 27, plus d'une centaine de travailleurs ont voté en assemblée générale la diffusion dans les entreprises d'un tract dénonçant les mensonges de « Escrosi » et appelant à la manifestation. Toujours déterminés, ils se sont donné rendez-vous vendredi 31 après la manifestation pour décider de la suite à donner.

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