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- Lutte ouvrière n°2139
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Dans les entreprises
Bosal - Annezin (Pas-de-Calais) : Des propositions de reclassement... explosives
Depuis la décision de mise en liquidation judiciaire du 10 juillet, les 298 travailleurs licenciés (sur 386) de l'équipementier Bosal situé à Annezin dans le Pas-de-Calais se sont vu proposer des reclassements à Bosal Autoflex, en Hongrie, avec des emplois de magasiniers rémunérés à 425 euros par mois à raison de 40 heures par semaine.
Ils ont de quoi être choqués par de telles propositions d'autant que, selon un représentant de l'union locale CGT, il existerait des postes vacants de magasiniers à Lyon. Les patrons profitant de l'opacité dont ils entourent leurs affaires, pourraient certainement prouver qu'il n'en est rien. Mais ce fait en dit long sur ce que valent ces reclassements proposés par des cabinets comme Altedia, grassement payés pour ce « travail ».
La loi oblige en effet un patron qui veut licencier un salarié pour motif économique à lui proposer les postes disponibles dans l'ensemble de l'entreprise ou du groupe, y compris par conséquent à l'étranger. Et ce, même s'il s'agit d'emplois rémunérés à 69 euros à Bangalore en Inde, comme ceux qui furent proposés à neuf salariés de l'entreprise textile Carreman de Castres, en avril 2009.
Il est vrai que devant le scandale soulevé par des propositions du même genre, un texte de loi vient d'être adopté par l'Assemblée nationale en première lecture, le 30 juin, qui spécifie que les propositions de reclassements à l'étranger ne pourraient désormais être faites si la rémunération n'est pas équivalente à celle que percevait le salarié concerné auparavant. En fait cette modification de l'article du code du travail pourrait enlever une épine dans le pied des patrons qui ne seraient plus dans l'obligation de faire des propositions de reclassement à l'étranger à des salaires trop inférieurs, mais qui, en revanche ne pourraient pas être poursuivis pour manquement à leurs obligations légales.
Les travailleurs licenciés ne seront pas plus avancés si aucune proposition sérieuse ne leur est faite, ce qui arrive dans la très grande majorité des cas. Et comment pourrait-il en être autrement quand chaque jour des entreprises licencient ou ferment, et ce dans tout le pays ?
Le directeur des ressources humaines de Bosal-France expliquait dans un courrier aux travailleurs qu'il était conscient que le « niveau de rémunération proposé est bien en deçà de ce qui se pratique couramment en France » mais en ajoutant qu'« il est en relation avec les coûts de la vie dans ce pays ». Un cynisme patronal qui pourrait bien faire exploser la colère des travailleurs et face auquel il est urgent d'imposer l'interdiction des licenciements.