Marseille : Militaires incendiaires29/07/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/07/une2139.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Marseille : Militaires incendiaires

Mercredi 22 juillet, un incendie parti du camp militaire de Carpiagne, situé entre Marseille et Cassis, s'est propagé jusqu'aux quartiers Est et Sud de Marseille. Plus d'un millier d'hectares de bois et de garrigue ont été détruits et les habitations léchées par les flammes. Il a fallu évacuer en pleine nuit des centaines de personnes, dont les pensionnaires d'une maison de retraite. Tout Marseille était couvert par les cendres de l'incendie.

Le feu en Provence et dans les régions méditerranéennes sèches est un fléau. Et c'est pour cela que, dès le début de l'été, des annonces signalent aux automobilistes le danger de jeter une cigarette, que tous les feux et barbecue sont réglementés. Les arrêtés préfectoraux réglementent, voire interdisent, l'accès et les promenades dans les collines.

Ces consignes de sécurité élémentaires ne semblent en revanche pas concerner les militaires. À Carpiagne, ils ont pu se livrer à un exercice de tir avec balles traçantes et mettre ainsi le feu à des terrains sensibles. Et ce n'est pas du tout le premier accident : plusieurs incendies sont déjà partis du camp militaire de Carpiagne ou de celui de Canjuers, dans le Var.

Un coupable a été rapidement désigné : un sous-officier aurait ignoré les consignes interdisant ce type de tirs en été. C'est un peu facile, car à l'armée, les tirs ne se font pas parce qu'un sous-officier a une lubie, le moindre exercice est programmé bien à l'avance. Mais là, il semblerait que la hiérarchie militaire, du gouverneur de la place de Marseille aux officiers supérieurs qui commandent le camp de Carpiagne, ignorait que des troupes se livraient à des tirs ! Et c'est un sous-officier qui est mis en examen et qui va porter le chapeau.

Quant aux hommes politiques, ils se sont livrés à une surenchère verbeuse. François Fillon, en visite à Marseille avec les ministres de la Défense et de l'Intérieur, a qualifié le geste de l'adjudant de la Légion de « faute pas excusable ». Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille, a lui parlé de « stupidité incroyable ». Quant au préfet, il se dit « scandalisé »...

Mais ceux qui peuvent être scandalisés, ce sont d'abord les habitants des quartiers de Marseille touchés par les flammes, ceux de Saint-Marcel, La Barasse, les Trois Ponts, Saint-Loup, etc., dont certains sont déjà classés à cause des risques chimiques. Ce sont aussi les pilotes des Canadair et des hélicoptères qui prennent des risques importants à chaque vol, ainsi que les pompiers maintenus en place, dans la fournaise.

Tous ces gens-là ont le droit de se dire scandalisés, mais pas les ministres, les préfets et le maire, aux déclarations toutes plus hypocrites les unes que les autres.

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