Lycée Joliot-Curie - Nanterre (92) : Répression contre la contestation lycéenne14/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2111.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lycée Joliot-Curie - Nanterre (92) : Répression contre la contestation lycéenne

Au lycée Joliot-Curie de Nanterre, quasiment aucun cours n'a été assuré pendant la semaine de rentrée, durant laquelle se sont tenues de nombreuses assemblées générales pour protester contre les violences policières et le cynisme affiché du rectorat.

Ce lycée général classé ZEP accueille plus de 1 300 élèves. Il cumule bien des problèmes, aggravés par les politiques successives de suppressions de postes. Une nouvelle proviseure a été nommée au début de l'année scolaire avec visiblement pour mandat de s'opposer aux blocages de la part des élèves, qui ont participé activement à tous les mouvements de ces dernières années.

Fin décembre, après plusieurs semaines de contestation lycéenne contre la réforme Darcos, elle convoquait un conseil de discipline aboutissant à l'exclusion définitive d'un élève, officiellement pour absentéisme. À l'annonce de la décision, l'élève ainsi que deux déléguées des lycéens présentes au conseil de discipline protestèrent vivement contre cette sanction. Une semaine plus tard, ils étaient convoqués au commissariat, la proviseure ayant entre-temps porté plainte. Deux des élèves ont été gardés à vue 24 heures puis déférés devant un juge des enfants. " Comme j'ai refusé que des policiers hommes palpent mes vêtements, une policière est venue, elle m'a fait rester toute nue pendant dix minutes ", a témoigné une des deux. Ils ont alors été mis en examen pour " menaces de mort sur personne chargée de mission de service public et menace d'atteinte aux biens dangereuse pour les personnes ". Aucun témoignage, sauf celui de la direction, ne confirme ces menaces de mort. La troisième, elle, est poursuivie pour " outrage ".

Lundi 5 janvier, un rassemblement de soutien aux trois élèves a eu lieu devant le lycée, où attendaient de nombreux policiers. Le lendemain matin, des élèves et des enseignants ont formé une chaîne humaine devant l'établissement. Les policiers étaient à nouveau là. Un lycéen a été plaqué violemment contre la grille du lycée, un enseignant a été projeté au sol par un policier. Il s'en est sorti avec un traumatisme au tibia et trois jours d'arrêt.

Le lendemain, une assemblée d'enseignants condamnait à l'unanimité les violences policières et, à une forte majorité, demandait le retrait de la plainte. Lors d'une réunion avec deux représentants de l'Inspection académique qui s'est tenue peu après, le rectorat a refusé de condamner l'intervention policière et de retirer la plainte visant les élèves. Une réponse inédite a été faite à une enseignante qui constatait la pauvreté des moyens humains et matériels de l'école publique : " Rien ne vous empêche de poser votre candidature dans le privé ! " Les professeurs se sont alors levés et ont quitté la réunion à grand bruit.

Toute cette politique s'inscrit dans une logique de reprise en main des élèves. L'utilisation de la police et de la justice pour réprimer la contestation lycéenne se multiplie, comme le montre également la mise en examen de deux lycéens de la ville voisine de Levallois-Perret, pour avoir défendu le droit au logement lors d'un conseil municipal.

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