Le projet de suppression des conseils d'administration : Un nouveau coup contre l'hôpital public14/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2111.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le projet de suppression des conseils d'administration : Un nouveau coup contre l'hôpital public

Sarkozy, en déplacement à Strasbourg pour présenter ses voeux au personnel de santé, a réussi à provoquer l'indignation et la colère de l'immense majorité de ceux qui travaillent à l'hôpital et d'une bonne partie du reste de la population, en affirmant : " L'hôpital ne souffre pas d'un manque de moyens ".

La porte-parole des médecins hospitaliers a tenu immédiatement à répliquer en déclarant : " Lorsque Nicolas Sarkozy dit que l'hôpital a suffisamment de moyens, je pense qu'il a pour référence la clinique privée où madame Rachida Dati a accouché ou l'Hôpital américain de Neuilly. " La réalité, elle, est brutale. Patrice Pelloux, porte-parole du syndicat de l'Association des médecins urgentistes, l'AMUF, a rappelé que " 100 000 lits d'hospitalisation ont fermé au cours des dix dernières années " et " qu'il y a 20 000 suppressions d'emplois qui sont en cours " dans les hôpitaux du pays.

Régulièrement, on nous annonce la fermeture de services entiers, de maternités, de services de chirurgie, quand ce n'est pas la fermeture de tout un hôpital. Les hôpitaux universitaires du pays, les CHU, sont quasiment tous en état de faillite virtuelle par suite de l'adoption de systèmes comptables où la rentabilité devient la norme. Beaucoup de chefs de service appellent au secours car il leur manque bien des matériels et des effectifs suffisants. La grande majorité des hôpitaux publics se voient imposer des " plans de retour à l'équilibre " avec systématiquement de nouvelles suppressions d'emplois pour y parvenir. Et ainsi c'est l'ensemble du système hospitalier qui est menacé, et la santé de la majorité de la population avec.

Pour justifier le refus de moyens nouveaux, Sarkozy affirme que le système hospitalier en France est le meilleur du monde. Ce fut sans doute vrai à une certaine époque. Mais Sarkozy nous parle d'histoire ancienne. La France détient même un triste record en Europe : celui d'être en tête pour le sous-équipement en IRM, c'est-à-dire en radiologie de pointe. Elle n'est qu'en neuvième position pour la mortalité néonatale, et la mortalité des personnes de moins de 65 ans y est plus élevée que chez ses voisins européens. Pas vraiment de quoi pavoiser !

Comme ses prédécesseurs, mais à vitesse accélérée, le gouvernement veut que l'assurance-maladie économise sur son plus gros poste, celui des hôpitaux, du moins des hôpitaux publics.

La nouvelle loi annoncée par Sarkozy pour les hôpitaux, que Bachelot, la ministre de la Santé, doit présenter dans les prochaines semaines, devrait permettre d'accélérer le démantèlement en cours. À l'heure actuelle tous les hôpitaux ont à leur tête des conseils d'administration, qui possèdent certains pouvoirs comme celui d'adopter les budgets. Les directeurs doivent appliquer les décisions de ces conseils. Or à l'intérieur de ces CA siègent des élus locaux, des représentants syndicaux, des représentants des médecins et des représentants des usagers. Et il arrive que ces conseils d'administration mènent la fronde contre les décisions des représentants du ministère, parfois avec succès, surtout quand ils font appel à la population. Pour en finir avec ces entraves, la nouvelle loi prévoit de supprimer les conseils d'administration et toutes les instances de consultation existant à tous les niveaux. Les hôpitaux seraient dirigés par des directeurs ayant tous pouvoirs, " comme des vrais patrons ", en particulier celui de faire les budgets, de fermer les services, de supprimer les emplois. Ils seraient nommés par le ministère, sous son seul contrôle, dans une nouvelle structure au pouvoir encore renforcé appelée Agence régionale de santé, dont le but affiché est d'améliorer " la compétitivité des hôpitaux ".

Il reste maintenant au personnel et à la population de répondre comme il le faut à cette politique qui met en jeu la santé de la population.

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