"Manque" d'électricité et augmentation des tarifs : Des atomes crochus... pour notre argent14/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2111.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

"Manque" d'électricité et augmentation des tarifs : Des atomes crochus... pour notre argent

La France risque-t-elle de manquer d'électricité ? Partout on nous conseille de réduire la consommation en soirée et des municipalités ont diminué éclairages et illuminations. Il y a sans doute un problème qui serait assez facile à résoudre mais il y a, dans la foulée, une campagne de la direction d'EDF pour persuader la population qu'il lui faudra bien accepter tôt ou tard des augmentations de tarifs... totalement injustifiées.

La récente vague de froid a entraîné l'utilisation au maximum ou presque de la capacité de production des centrales électriques du pays. La question s'est donc posée du risque de rupture, à certaines heures de la soirée, lorsque les entreprises fonctionnent encore et que les gens, rentrés chez eux, allument lumières, chauffages et appareils électriques divers.

L'électricité, on le sait, ne se stocke pas. Il faut à chaque instant produire ce que l'on consomme. Le parc des centrales nucléaires produit en gros les quatre cinquièmes du courant. Mais les centrales nucléaires ne peuvent se mettre en route rapidement ni moduler leur production. Pour faire face aux pics de consommation, il faut soit des centrales hydrauliques avec barrages (ce qui n'est le cas que d'une partie d'entre elles), dans lesquelles on ouvre les vannes à la demande, et des centrales thermiques fonctionnant au charbon, au pétrole ou au gaz, qu'on peut mettre en route rapidement. Il y en a quelques-unes dans le pays, mais pas beaucoup, et en tout cas pas assez.

C'est pourquoi, alors que la France exporte (de moins en moins, il est vrai) de l'électricité en période " normale ", elle doit en importer au moment des pointes, car les pays voisins sont beaucoup moins " nucléaires " et beaucoup plus " thermiques ".

Jusqu'à présent cela s'est bien passé, mais c'est devenu " limite ". Si la consommation d'énergie électrique reste la même, et à plus forte raison si elle progresse, il faudrait donc augmenter un peu la capacité nucléaire et construire les centrales thermiques manquantes. Et aussi améliorer les lignes à haute, moyenne et basse tension.

EDF en a parfaitement les moyens, et cela sans augmenter les tarifs. Seulement le PDG de l'entreprise, Gadonneix, ne loupe aucune occasion pour défendre l'idée que, si l'on veut des investissements, il faudra que l'État, qui pour le moment doit donner son accord, accepte les hausses souhaitées par la direction d'EDF.

Mais la direction d'EDF se moque du monde. EDF en effet vient d'acquérir pour 15 milliards d'euros British Energy, en Grande-Bretagne, et pour 3,5 milliards d'euros (4,5 milliards de dollars) la firme Constellation, aux États-Unis. En tout 18,5 milliards d'euros... qu'elle n'avait pas (puisque EDF est déjà endettée) mais qui représentent une somme qui aurait permis de construire quatre centrales nucléaires du type EPR, dont le premier modèle est en cours de montage (environ 4 milliards d'euros pièce) ainsi que de nombreuses centrales thermiques (chacune revenant beaucoup moins cher).

Mais EDF a choisi de spéculer sur le développement du nucléaire à l'étranger. Et ce n'est qu'un début ! Car comme le remarquent tous les analystes, EDF n'a acheté que des " tickets d'entrée " sur les marchés du nucléaire britannique et américain. C'est ensuite que devraient commencer les très gros investissements pour construire les centrales elles-mêmes.

Et c'est pour cela qu'EDF a besoin d'argent, de beaucoup d'argent, qu'elle voudrait racler dans les poches des consommateurs de France et des divers pays où elle sévit.

Si les tarifs de l'électricité venaient à augmenter, ce serait uniquement pour qu'EDF puisse mieux spéculer.

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