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La guerre modifie déjà l'opinion israélienne
Le sondage de Maariv concernant l'opinion des " Juifs israéliens " excluait donc l'opinion des Arabes israéliens qui représentent 20 % de la population d'Israël. Et pour cause, la population arabe israélienne (ceux qu'on appelle aussi les Palestiniens de l'intérieur, qui n'ont pas été chassés d'Israël après 1948 et qui disposent d'un passeport israélien, tout en étant traités comme des citoyens de seconde zone par l'État israélien) est mobilisée contre cette guerre.
50 000 Arabes israéliens, un nombre important, ont manifesté, le 3 janvier, à Sakhnine en Galilée contre l'intervention israélienne à Gaza. Les manifestants dénonçaient également la " lâcheté du président égyptien, Moubarak ".
L'engagement militaire terrestre a entraîné des réactions, y compris parmi la population israélienne au premier rang pour recevoir les roquettes du Hamas. 1 800 Israéliens et Palestiniens, dont 500 habitants de Sderot, ont signé une pétition appelant à la fin de l'opération militaire à Gaza et à la reprise du dialogue entre Israël et le Hamas. " Malgré le fait que pendant huit ans nous avons vécu l'expérience très dure de la vie sous le feu des roquettes ", a déclaré un des habitants de Sderot, " il est important pour nous de faire entendre une opinion qui représente de nombreux habitants qui se trouvent à portée de feu mais qui croient que nous pouvons et devons essayer de résoudre ce conflit d'une manière pacifique ".
Dès qu'il a été question d'engager des réservistes de l'armée israélienne, des refuzniks, ces soldats israéliens qui avaient refusé de participer à des engagements antérieurs de l'armée israélienne se sont rassemblés le 10 janvier à Tel-Aviv. Regroupés dans le comité " Le Courage de Refuser ", ils appellent, dans une vidéo filmée lors du rassemblement et visible sur Internet, les soldats israéliens à faire vraiment preuve de courage en n'acceptant pas de participer à un engagement barbare qui frappe surtout des civils. La plupart de ces " refuzniks " ont fait de la prison pour s'être opposés à la politique israélienne.
Enfin, selon un Comité des soldats américains qui refusent de participer à l'engagement des États-Unis en Irak et en Afghanistan, une centaine d'étudiants israéliens ont signé une lettre ouverte, où ils refusent de servir dans l'armée israélienne et affirment leur " opposition à la politique d'occupation et d'oppression dans les territoires occupés ". Eux aussi risquent la prison. Tout cela reste bien sûr minoritaire, mais c'est déjà une petite brèche dans l'opinion israélienne dominante.
En réponse au mécontentement des Arabes israéliens, le Parlement israélien n'a rien trouvé de mieux que de décider que les deux partis qui entendent les représenter, le Ta'al (Ligue arabe unie) et le Balad (Ligue démocratique nationale) ne pourront pas participer aux élections législatives du 10 février prochain. Le seul parti qui aura la possibilité de défendre la cause des Palestiniens sera donc le Parti Communiste Israélien, formation qui regroupe des Juifs et des Arabes israéliens et qui, pour le moment, n'est pas interdit d'élection.
Les porte-parole de l'État israélien aiment vanter la supériorité de la " démocratie israélienne ", mais on voit qu'en temps de guerre celle-ci est réduite à peu de choses. Et, bien sûr, ce n'est pas non plus en écartant leurs partis de l'élection que l'État israélien réduira le fossé qu'il creuse depuis des années avec les Palestiniens de l'intérieur, que ces mesures ne peuvent que rapprocher du reste des Palestiniens.