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- Lutte ouvrière n°2111
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Porte-avions ou porte-coquillages : Clemenceau contre crépidule
En compagnie d'algues parasites d'origine japonaise, la crépidule s'est emparée, au-dessous de la ligne de flottaison, de la vieille coque longue de 265 mètres. Auparavant Chirac avait bien tenté d'envoyer le rafiot se faire disséquer à moindre coût en Inde, dans un de ces chantiers où les travailleurs doivent se livrer sans protection aucune à ces travaux dangereux. Mais les militants écologistes de Greenpeace avaient dénoncé la tentative et les autorités françaises avaient dû faire rapatrier le navire-poubelle dans la rade de Brest, dans l'attente d'un démonteur-désamianteur.
Pour traiter les 700 tonnes d'amiante qui polluent l'ex-Clemenceau, Suez et Veolia s'étaient mis sur les rangs, mais c'est le chantier britannique Able UK Ltd qui a emporté le marché. Sauf que, pour accéder aux côtes anglaises, la vieille coque doit être débarrassée de ses algues et de l'inquiétante crépidule qui ne demanderait qu'à proliférer sur le littoral britannique. La marine a donc mobilisé quinze plongeurs pour le " grattage " et, devant l'ampleur de la tâche, sous-traité à une société spécialisée le " brossage " de la coque. Mais algues et crépidules détachées entraînent avec elles l'ancienne peinture de la coque, chargée de TBT (tributyl étain) qui pollue les fonds de la rade de Brest.
Deux associations de défense de l'environnement, ainsi que la CGT, se sont élevées contre cette nouvelle pollution, portant plainte contre X auprès du Parquet de Brest. Les autorités maritimes, qui avaient rassemblé toutes les autorisations leur permettant d'être - enfin - délivrées de l'encombrant fardeau, en sont pour leurs frais. Des frais qui s'ajoutent aux quelque 15 millions d'euros déjà engloutis dans les précédents voyages de l'ex-Clemenceau.