Un des signes qui inquiètent les dirigeants américains, militaires ou civils : leur armée a de plus en plus de mal à recruter. Rappelons que la conscription n'existe plus aux États-Unis depuis 1973 et que tous les militaires, actifs ou membres de la Garde nationale ou réservistes, sont volontaires.

Les chiffres qui ont été publiés après le 30 septembre, fin de la période annuelle de référence, indiquent que, si les objectifs ont été atteints pour l'armée de terre (la plus concernée, avec le corps des Marines, par les combats au sol), cela ne s'est pas fait sans difficultés. Par ailleurs, pour ce qui concerne la Garde nationale, elle a recruté un peu plus de 69000 volontaires, pour un objectif de 70000, et la Réserve presque tous les 25500 recherchés.

L'armée de terre, qui compte actuellement un peu moins de 400000 membres, comptait recruter 80000 soldats. Elle en a recruté 80 635, soit 7000 de plus que pendant les douze mois précédents, mais par quels moyens... Il a fallu augmenter les primes à l'engagement ; certaines d'entre elles ont été doublées : une recrue qui signe pour 4 ans ou plus, pour un service actif, touche 40000 dollars (un peu moins en euros) au lieu de 20000. Il a fallu engager de coûteuses campagnes publicitaires : pour l'année, cela est revenu à environ 16000 dollars pour un soldat recruté. Et il a fallu recruter... de nouveaux recruteurs : 1000 en plus des 5500 existants.

Par ailleurs, l'armée de terre a allégé ses critères de recrutement. Ainsi, 17% des nouvelles recrues ont un dossier contenant des infractions et agressions diverses, des cas d'alcoolisme ou d'addiction aux drogues. Un recruteur affirme clairement : "Nous recherchons des jeunes sortis des lycées, qui n'ont pas plus d'une conduite illégale dans leur dossier."

Tout cela n'a apparemment pas suffi, puisque des journaux et des émissions de télévision ont mis en évidence des cas où les recruteurs mentaient sciemment et effrontément sur les risques pour le nouvel engagé, faisaient de fausses promesses ou utilisaient des faux documents.

Les documentaires nous ont montré comment les efforts de recrutement se portent vers les catégories sociales les plus en difficulté, en essayant de les attirer avec des promesses de formation professionnelle ou des bonus pour de futures inscriptions en faculté.

Interrogé par un journaliste sur ces problèmes de recrutement, un général a affirmé : "Nous trouvons les gens qu'il faut pour le terrain, pour les postes qu'il faut, avec les nombres qu'il faut." L'annonce du 3000e soldat américain tué en Irak ne va sans doute pas favoriser les vocations au moment où Bush envisage d'augmenter encore le nombre de soldats présents en Irak.