Rapport sur l'automédication : Des économies... mais pas pour tout le monde.03/01/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/01/une2005.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Rapport sur l'automédication : Des économies... mais pas pour tout le monde.

Un rapport demandé par Xavier Bertrand, le ministre de la Santé, sur l'automédication - se soigner soi-même sans consulter un médecin - recommande son développement en France, où 6% des médicaments sont vendus sans ordonnance, alors qu'il y en aurait 15% en Espagne, 14% en Allemagne et 12% en Grande-Bretagne. Pour les auteurs du rapport, développer l'automédication permettrait de diminuer les dépenses de l'assurance-maladie, qui n'aurait plus à rembourser ces médicaments et ces consultations médicales.

Pour y parvenir, le rapport propose que les médicaments soient disponibles en libre-service, aujourd'hui encore dans les pharmacies mais demain, pourquoi pas, directement dans les supermarchés comme en Grande-Bretagne.

Bien que le ministre se soit empressé de rassurer les pharmaciens en affirmant que les médicaments ne seraient pas vendus dans les supermarchés, on ne sait pas ce que le gouvernement retiendra des propositions de ce rapport. Mais elles sont à coup sûr dans la logique de sa politique de santé qui, sous prétexte de déficit de la Sécurité sociale, rogne sur les remboursements des médicaments et des soins, laissant à la charge des malades une part de plus en plus grande de leurs dépenses : dernier exemple déjà en application celui-ci, l'augmentation au 1erjanvier du forfait hospitalier qui passe à 16euros.

Pour l'automédication, on nous disait hier qu'elle pouvait être dangereuse et qu'il ne fallait pas se passer d'un avis médical. Aujourd'hui, bien menée, elle n'aurait que des bienfaits et on se demande pourquoi il faudrait aller consulter pour un simple mal de tête, de gorge ou à l'estomac ou encore avec une petite fièvre ? Mais justement prendre de l'aspirine ou du paracétamol quand on a une "petite fièvre" , cela peut au mieux la faire baisser sans traiter la cause de cette "petite" fièvre mais cela peut aussi entraîner des problèmes ne serait-ce qu'en dépassant les doses maximales quotidiennes. De plus prendre de l'aspirine en même temps qu'un autre médicament peut entraîner ce que les médecins appellent des "interactions médicamenteuses" potentiellement graves. Pour éviter cela, le rapport propose "d'éduquer les consommateurs en encourageant les publicités" , comme si celles-ci avaient pour but de nous permettre de tout connaître des produits !

Les laboratoires pharmaceutiques annoncent déjà des économies pour l'assurance-maladie de 2,5 milliards d'euros si 5% des médicaments prescrits passent à l'automédication. Cela reste à vérifier, mais ce qui est sûr, c'est que ce sera une bonne affaire pour eux car, qui dit automédication dit aussi prix libres, et il suffit de voir comment ils ont augmenté par trois ou même par quatre les prix de leurs produits déremboursés. Alors quand Xavier Bertrand leur demande de "ne pas faire exploser les prix" , cela relève du traitement par suggestion ?

Partager