Une bonne année 2007... avec un toit sur la tête !03/01/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/01/une2005.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Une bonne année 2007... avec un toit sur la tête !

Un camp de 200 tentes fin décembre en plein Paris : il aura fallu un tel scandale pour que le gouvernement, entre caviar et foie gras, daigne se pencher sur la question des sans-logis.

Les ministres n'avaient pourtant pas besoin de cette spectaculaire initiative des associations. La situation des dizaines de milliers de sans-abri qui errent dans les grandes villes en plein hiver leur est parfaitement connue. "Dire que l'on laisse crever les gens dans la rue est faux" , s'est justifiée Catherine Vautrin, la ministre de la cohésion sociale. Il ne reste qu'à espérer que ce mensonge-là était le dernier de l'année 2006 !

Oui, nos dirigeants laissent bel et bien "crever des gens dans la rue" . En tolérant la flambée des loyers. En construisant les HLM au compte-gouttes. En autorisant les patrons à licencier à tour de bras et à payer leurs salariés au lance-pierre.

"Il y a pourtant des hébergements d'urgence !" , s'exclament en coeur les défenseurs de l'ordre social.

Le problème de Sarkozy, Villepin et compagnie, ce n'est pas de reloger décemment les gens, c'est de débarrasser les rues à l'approche des élections. Du coup, des mesures sont annoncées : les centres qui accueillent les SDF ouvriront sur des plages horaires plus longues. La voilà, la réponse du pouvoir à la crise du logement : agrandir les foyers de sans-abri. Pour eux, l'avenir des pauvres, c'est l'asile de clochards. Meilleurs voeux du gouvernement. Et Chirac de promettre à son tour "le droit opposable au logement" ... Comme si un SDF pouvait aller devant un tribunal pour l'obtenir !

Racket légal.

L'errance des SDF dans Paris n'est pas un phénomène marginal : beaucoup sont des salariés. Leur situation n'est que le reflet de la galère que vivent la plupart des travailleurs modestes et des jeunes pour se loger.

On ne construit que 40000 logements sociaux chaque année, deux fois moins qu'au début des années 1990. Et les programmes de destruction battent leur plein. Quant aux loyers du privé, ils ne cessent de flamber : en Région Parisienne, un smicard peut à peine se payer un minuscule studio en y consacrant la moitié de son salaire.

De cette situation, les uns en pâtissent, les autres en profitent. Les propriétaires, banques, fonds d'investissement ou riches particuliers, sont en situation de racketter le gros de la population. La majorité qui trime pour des salaires minables doit encore en reverser une bonne part, sous forme de loyers, à une minorité de nantis qui collectionne les villas, les 4x4, les articles de luxe et les voiliers de plaisance.

Une pénurie organisée.

Cette situation ne doit rien au hasard. Une partie du parc de logements est maintenue vide par les spéculateurs de tout poil : deux millions de logements vacants dans toute la France, entre 100 et 150000 à Paris, soit environ un sur dix. La loi voudrait que les pouvoirs publics les réquisitionnent pour les louer au tarif HLM à ceux qui en ont besoin. Mais la loi ne s'applique pas quand elle lèse les riches. En revanche, les expulsions de locataires asphyxiés par les loyers se sont multipliées : les pauvres, eux, subissent la loi dans toute sa rigueur.

Pénurie de logements sociaux, pénurie de logements privés, rien de tel pour faire flamber les prix. Les gouvernements, quelle que soit leur couleur politique, n'ont rien fait pour remédier à la crise du logement.

Rackettés, nous le sommes de toutes parts. Par les patrons qui nous sous-payent, les propriétaires immobiliers qui nous rançonnent, les compagnies pétrolières qui manipulent les tarifs de l'essence, les organismes de crédit, les opérateurs de téléphone portable, les assureurs... On pourrait allonger la liste.

La meilleure chose qu'on puisse souhaiter pour 2007, c'est que les travailleurs, les chômeurs et les jeunes se révoltent et envoient balader patrons, propriétaires, banquiers et politiciens, que la Bourse et l'immobilier s'effondrent et que les SDF squattent les immeubles des beaux quartiers, à commencer par l'avenue Foch et la place Vendôme, à Paris !

Éditorial des bulletins d'entreprises l'Étincelle édité par la Fraction du 1er janvier 2007.

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