Borloo et le logement social : Une autosatisfaction qui ne masque pas la pénurie.03/01/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/01/une2005.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Borloo et le logement social : Une autosatisfaction qui ne masque pas la pénurie.

Jean-Louis Borloo, le ministre de la Cohésion sociale et du Logement, s'est félicité du nombre de logements construits. "Avec près de 430000 mises en chantier et près de 565000 permis de construire ces douze derniers mois, 2006 est l'année des records de la construction en France" , a-t-il déclaré dans un communiqué. Une fanfaronnade qui ne peut tromper que ceux qui n'ont pas de problèmes de logement ni de revenus insuffisants pour faire face à la flambée des prix de l'immobilier.

Déjà, contrairement à ce que la manière de présenter ces chiffres pourrait laisser supposer, ces deux données ne s'additionnent pas. Seules les mises en chantier peuvent être prises en compte et encore, cela ne signifie pas qu'un nombre égal de logements a été construit, ne serait-ce que parce qu'il s'écoule en moyenne dix-huit mois entre le démarrage d'un chantier et son achèvement. Quant aux demandes de permis de construire, elles n'aboutissent pas toutes obligatoirement et elles peuvent aussi porter sur des modifications mineures de logements déjà existants.

La construction de logements neufs ou les réhabilitations de taudis qui se font au compte-gouttes sont loin de répondre aux besoins de la population, à commencer par ceux des salariés aux revenus modestes qui cherchent en vain à louer un logement décent à un prix abordable. Et dans ces constructions, combien sont destinées aux logements sociaux ? Borloo se félicite que leur nombre ait doublé en cinq ans. Mais le double de pas grand-chose, cela fait toujours pas grand-chose.

Il y aurait eu, selon les chiffres du ministère, une centaine de milliers de logements sociaux construits en 2006 et Borloo promet d'en accélérer la construction en portant ce nombre à 120000 par an. Or, la Confédération nationale du logement (CNL) rappelait dernièrement qu'il y a en France 1,4 million demandeurs de logements sociaux. À supposer que les promesses de Borloo soient autre chose qu'un baratin pré-électoral, tous les salariés en attente aujourd'hui d'un logement HLM pourront l'obtenir... en 2018 ! D'ici là, le parc existant a le temps de se dégrader et de nouveaux demandeurs de HLM de se manifester.

Mais surtout, il y a tromperie sur la qualification de "logement social" . Les 100000 annoncés incluent en réalité pour plus d'un tiers (environ 37000) les habitations à loyer dit intermédiaire, répondant aux critères fixés par la "loi Borloo" : les propriétaires qui achètent ou font construire un logement destiné à la location bénéficient d'avantages financiers à condition de ne pas dépasser un certain plafond pour les loyers. Pour la région parisienne, par exemple, ce plafond est fixé à 15,91 euros le m² (hors charges), ce qui fait environ 800 euros mensuels un deux-pièces de 50 m². On est loin du social !

La pénurie de logements sociaux, qui n'est pas nouvelle, engendre par ailleurs une spéculation immobilière de la part des bailleurs privés qui, compte tenu de la demande, ne se privent pas pour augmenter leurs loyers. Mais pour résoudre la question du logement, il ne faut pas compter sur les vaines promesses du gouvernement.

Partager