Renault – Flins (78) : Du recours au travail intérimaire comme méthode de gestion06/05/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/05/une1918.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault – Flins (78) : Du recours au travail intérimaire comme méthode de gestion

L'usine Renault de Flins produit actuellement chaque jour sur ses chaînes de montage environ 270 Twingo et 890 Clio. Prochainement, un nouveau véhicule devrait également y être monté. Sur les 6000 salariés de l'usine, 30% sont des intérimaires, une catégorie qui ne cesse d'augmenter.

À la fin de février dernier, les intérimaires étaient 1198 sur le site de Flins; trois semaines plus tard, le nombre était monté à 1355, pour atteindre à présent 1570. La direction de l'usine justifie ce chiffre par la situation de la production, et tout d'abord par son intention d'arrêter dans les années qui viennent de fabriquer des Twingo. Seule une équipe de production par jour est affectée à ce véhicule, mais la cadence va augmenter en juin prochain de 47 à 57 véhicules à l'heure, ce qui représente plus de 21% de volume de travail en surcroît, sans que beaucoup de postes supplémentaires soient créés. Ce qui n'empêche pas les dirigeants de prévoir que les postes sur chaîne seront occupés à 90% par des travailleurs intérimaires.

La direction se justifie aussi par la période de flou qui entoure la sortie du nouveau véhicule. Dans cette perspective, elle n'a embauché que 180 travailleurs en fixe et prévoirait d'en recruter encore autant d'ici la fin de l'année 2005. Autrement dit, elle veut nous faire fabriquer des Twingo en courant d'un poste à l'autre et en multipliant les opérations jusqu'à l'épuisement, et en même temps démarrer la production d'une nouvelle voiture sur les lignes Clio, avec la complication introduite dans les postes pour passer de l'ancien modèle au nouveau... et elle voit là une opportunité de faire passer la proportion d'intérimaires parmi les ouvriers de production à un pour deux.

Peu importe, visiblement, aux responsables de cette situation, que le code du travail prévoie seulement deux cas de recours au travail intérimaire: l'accroissement temporaire d'activité et le remplacement de salariés absents. L'emploi de travailleurs précaires, intérimaires, contrats de qualification, stagiaires, etc, est rien moins qu'une politique délibérée de la direction de Flins comme des autres usines Renault. À Flins, certains travailleurs intérimaires commencent à être désignés à des fonctions de responsables de «groupe», ce qui implique une connaissance du secteur concerné et de nombreuses années de présence. À Douai, l'été dernier, les effectifs ont compté à certains moments 70% et même 80% d'intérimaires.

Cette méthode de gestion des effectifs a non seulement des conséquences directes sur les maladies professionnelles, la fatigue et le stress, mais aussi sur les accidents du travail que Renault prétend n'avoir même pas à assumer, lorsqu'ils concernent des travailleurs intérimaires ou employés par des entreprises extérieures.

Cette pratique, généralisée dans l'automobile, est un des éléments clé de la flexibilité que les patrons, comme Louis Schweitzer, PDG de Renault depuis treize ans, ont imposée pour augmenter leurs profits. De temps en temps cependant, des couacs se font entendre, comme le jugement, l'année dernière, de la Cour de cassation, déboutant Renault et sa filiale Sovab de Batilly de leur appel dans une affaire de transformation de contrats d'intérim en contrats à durée indéterminée.

Il faudra la solidarité de tous, travailleurs embauchés comme travailleurs sous contrats de toutes sortes, pour mettre fin à cette précarité et imposer que tous soient embauchés par Renault avec les mêmes contrats à durée indéterminée et avec les mêmes droits.

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