Au référendum, c’est «non» et la lutte pour imposer nos revendications06/05/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/05/une1918.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Au référendum, c’est «non» et la lutte pour imposer nos revendications

Au moment où sont rendues publiques les rémunérations des dirigeants de grandes entreprises, a été également rendue publique une étude sur l'évolution des salaires au cours des cinquante dernières années.

Pour les grands patrons, tout va bien. 9% d'augmentation au cours de l'année écoulée sur des salaires dont la moyenne est de 200000 euros par mois. Mais il est vrai que la progression confortable de ces rémunérations de PDG, qui correspondent à 100 ou à 150 salaires d'ouvriers payés au smic, est encore modérée par rapport à la progression des revenus des gros actionnaires pour lesquels travaillent ces PDG.

Pour ce qui est des salaires, le constat est que le pouvoir d'achat des salaires ouvriers n'a cessé de reculer tout au long des années 1980, puis de nouveau au cours des trois dernières années, pour retomber au niveau de 1950. Étant donné l'importance du chômage, cela signifie que le pouvoir d'achat d'une famille ouvrière qui compte un chômeur est même inférieur à celui de 1950.

Voilà le résultat d'un demi-siècle où tout a progressé, surtout les revenus des plus riches, mais où les conditions de vie des travailleurs ont régressé.

Mais comment en serait-il autrement lorsque les progrès de la productivité sont accaparés par les seuls possesseurs de capitaux et leurs larbins, alors que les sacrifices ne sont imposés qu'aux travailleurs?

Comme pour ce lundi de Pentecôte dont on essaie de nous faire croire qu'il s'agit d'une journée de solidarité! Mais c'est aux seuls salariés qu'on demande de travailler gratuitement un jour alors que la moitié de la population n'est pas concernée: ni les commerçants, ni les médecins, les avocats ou autres professions libérales, et surtout pas ceux qui vivent des revenus des capitaux.

Voilà deux illustrations de cette «Europe sociale» dont les partisans du «oui» au référendum nous rebattent les oreilles.

Ils veulent nous faire cautionner leur Constitution. Mais, dans cette Constitution, il n'y a rien, absolument rien pour les travailleurs, rien pour les protéger contre les licenciements, contre ces patrons voyous qui osent proposer à leurs ouvriers des reconversions en Roumanie ou à l'île Maurice pour 100 ou 110 euros de salaire mensuel!

Il n'y a pas la moindre allusion à un salaire minimum européen aligné sur le pays où il est le plus élevé. Rien sur les protections sociales, pas de limitation de l'âge de la retraite, de la durée du travail empêchant d'être usés avant l'âge.

La Constitution ne représente aucun progrès, pas même sur les quelques questions sociales qui ne touchent pas directement aux intérêts du grand patronat.

Elle ne donne même pas aux femmes qui vivent dans des pays où le divorce ou l'interruption volontaire de grossesse sont encore interdits un point d'appui pour combattre les législations réactionnaires.

Et, dans les relations entre États, cette Constitution conforte juridiquement la domination des groupes capitalistes des grands pays d'Europe occidentale sur les autres membres de l'Union, notamment de la partie pauvre de l'Europe.

Depuis cinquante ans que les hommes politiques construisent l'Europe, leur but est de créer un marché à l'échelle du continent, où les capitaux et les marchandises puissent se déplacer librement pour répondre à l'expansion des plus grandes entreprises. Pour favoriser le commerce et les profits, il y a dans la Constitution des mesures concrètes. Pour les êtres humains et leurs droits, il n'y a que des mots creux.

Rares ont été les occasions où les promoteurs de cette Europe de patrons et de marchands ont demandé leur avis aux populations. Eh bien, puisque cette fois ils le demandent, il faut leur dire «non». En sachant cependant que, même si le «non» l'emporte, restent à imposer l'arrêt des attaques contre les travailleurs, l'augmentation générale de tous les salaires, la fin du chômage et de la précarité, l'interdiction des licenciements collectifs. Mais cela ne sortira pas des urnes et ne pourra être imposé que par la détermination du monde du travail.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 2 mai

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