Ce n'est que le 29 avril 1945 qu'en France les femmes purent exercer pour la première fois leur droit de vote, à l'occasion des élections municipales. Ce droit de vote avait été accordé un an auparavant par l'ordonnance du 21 avril 1944 signée par le général de Gaulle, qui précisait dans son article 17 que «Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes».

Les femmes obtenaient donc bien tard ce droit, acquis par les Américaines du Wyoming en 1869, par les femmes russes après la révolution de 1917, par les Turques en 1934. Force est donc de constater que la France «pays des droits de l'homme» ne le fut pas pour les femmes pendant fort longtemps.

Pourtant, des femmes s'étaient organisées très tôt pour obtenir des droits politiques, dès la Révolution française en fait. Dans l'article 10 de sa «Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne», rédigée en 1791, Olympe de Gouges écrivait: «La femme a le droit de monter à l'échafaud; elle doit avoir également celui de monter à la tribune».

La bourgeoisie, effrayée après la révolution de 1789-1793 par le suffrage universel masculin, qui ne reparut en fait qu'après 1848, refusa encore pendant des années de l'octroyer aux femmes. Mais dans le mouvement ouvrier, le combat pour l'émancipation des femmes faisait partie intégrante du programme socialiste. Les socialistes, de Charles Fourier à Marx et Engels, dénonçaient sans relâche la condition faite aux femmes dans la société capitaliste. Le Parti Socialiste fut ainsi le premier à inscrire à son programme «l'égalité civile et politique des femmes» lors de son Congrès de 1879. Le jeune Parti Communiste français reprit cette tradition. Mais en 1936, le Parti Socialiste et le Parti Communiste avaient déjà abandonné leurs idéaux. Le Front Populaire ne fit rien pour donner le droit de vote aux femmes.

Aujourd'hui, les femmes ne sont toujours pas représentées à égalité avec les hommes, que ce soit dans les conseils municipaux, généraux, régionaux, ou au Parlement, et encore moins au Sénat, et cela sans faire mention des inégalités sociales qu'elles subissent. À l'issue des premières élections législatives auxquelles les femmes participèrent, le 21 octobre 1945, il y eut 5,8% d'élues, soit 33 députées. Plus de quarante ans plus tard, aux élections législatives de juin 1988, il y eut 5,7% de femmes élues, soit 33 femmes élues à l'Assemblée, le même nombre qu'en 1945! Même après le vote de la loi sur la parité en 2000, les femmes ne sont toujours que 71 élues sur les 577 députés que compte le Parlement.

L'égalité politique réelle pour les femmes reste un combat à mener.