8 mai 1945 : En Algérie, armée et police françaises tiraient sur les manifestants06/05/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/05/une1918.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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8 mai 1945 : En Algérie, armée et police françaises tiraient sur les manifestants

Le 8 mai 1945, le jour même où la France fêtait «la victoire sur le nazisme», en Algérie, les troupes et la gendarmerie françaises tiraient sur une foule de manifestants.

Cette victoire ne réglait rien pour les Algériens, «sujets» de la France, à qui elle refusait les droits des citoyens. Pourtant, la défaite de la France en juin 1940 avait porté un rude coup au prestige du pays colonisateur. Les déclarations des USA évoquant, à partir de 1941, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, destinées à rallier le soutien des peuples colonisés, avaient été comprises en Afrique du Nord comme un encouragement à se libérer de la tutelle des colonisateurs. De Gaulle lui-même, au début de 1944 à Brazzaville, avait fait des promesses d'amélioration du statut des peuples appartenant à l'empire colonial français.

En Algérie comme dans d'autres pays, la fin de la guerre accentua l'espérance et renforça le sentiment nationaliste. Le Parti du Peuple Algérien (PPA) de Messali Hadj, interdit, en fut le principal bénéficiaire.

Le 1er mai 1945, la répression des manifestations réclamant l'indépendance de l'Algérie et la libération de Messali Hadj avait fait plusieurs morts à Alger et à Oran.

Le 8 mai, à Sétif, le PPA avait décidé d'organiser sa propre manifestation au moment de la célébration de l'armistice à peine signé, et de faire entendre ses revendications. En tête de la manifestation, un militant brandissait un drapeau algérien. L'agression par la police de ce porte-drapeau fut le point de départ de l'émeute. Quelques dizaines d'européens furent tués. Dans une autre ville du Constantinois, Guelma, des événements identiques se produisirent ce jour-là. La révolte s'étendit alors aux campagnes environnantes.

Dans les jours qui suivirent, la répression fut impitoyable. La gendarmerie, des milices formées au sein de la population européenne et bientôt l'armée se livrèrent à un véritable massacre. L'aviation bombarda ainsi que la marine de guerre. Des villages entiers furent anéantis.

L'armée parla de 1000 ou de 1500 victimes de la répression. Mais il y en eut des dizaines de milliers. L'ampleur des moyens utilisés pour la répression visait à semer la terreur dans la population du Constantinois comme du reste de l'Algérie. Il fallait briser dans l'oeuf tout risque de contagion d'une révolte anticoloniale.

Les alliés de De Gaulle au sein du gouvernement, la SFIO, le Parti Socialiste de l'époque, et le PCF furent totalement solidaires de cette politique. Pour le PCF, il n'était pas question de soutenir le droit à l'indépendance nationale des peuples colonisés. Il proclamait sa volonté de maintenir ces peuples au sein de l'Union française, ce qu'un de ses députés exprimait en ces termes: «Nous affirmons d'abord que la République française, métropole et territoires d'outre-mer, est une et indivisible.»

Les militants nationalistes algériens étaient qualifiés de provocateurs. Ainsi, L'Humanité écrivait: «La population affamée a été poussée à des violences par des provocateurs bien connus de l'administration.» Un communiqué de sa direction affirma: «Il faut tout de suite châtier impitoyablement et rapidement les organisateurs de la révolte et les hommes de mains qui ont dirigé l'émeute.»

Ces massacres ne firent que renforcer le sentiment national algérien. Neuf ans plus tard, la guerre d'Algérie commençait.

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