Pour un lundi 16 mai chômé et en grève!06/05/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/05/une1918.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Pour un lundi 16 mai chômé et en grève!

Cette semaine Raffarin est en campagne pour expliquer la suppression du lundi de Pentecôte. La tâche risque d'être ardue. Le prétexte choisi par le gouvernement pour imposer une journée de travail gratuit est la «solidarité avec les personnes âgées». «Solidarité» qui se manifeste dans les faits par la suppression de lits et de postes dans les hôpitaux, tout particulièrement dans le secteur de la gériatrie... Autant dire que les bons sentiments du gouvernement en faveur des plus âgés ne sont guère convaincants.

En revanche, les bons sentiments de l'équipe Raffarin pour le patronat sont évidents. La suppression d'un jour férié équivaut non seulement à une augmentation du temps de travail, mais aussi à une baisse de salaire. En effet, travailler plus pour un même salaire correspond à une diminution du salaire horaire. Les «seigneurs» du gouvernement ont des conceptions si moyenâgeuses que pour plaire à leurs amis les patrons, ils ont pensé à une journée de travail gratuit, rappelant les corvées imposées aux paysans il y a plus de 500 ans!

Augmenter le temps de travail alors que le taux de chômage atteint les 10,2% dans les statistiques officielles est parfaitement scandaleux, tout comme l'est le fait de baisser les salaires alors que le pouvoir d'achat des travailleurs a nettement diminué depuis 15 ans. C'est d'autant plus choquant que le patronat regorge actuellement d'argent. Les sommes versées par le groupe Carrefour à son ex-PDG n'est qu'une toute petite illustration des énormes profits accumulés par les grands groupes ces dernières années. Daniel Bernard a ainsi été «viré» avec 38 millions d'euros, soit 2514 ans de SMIC! L'annonce de l'indemnité de départ de Daniel Bernard a déclenché une grève. Plus de la moitié des entrepôts du groupe sont bloqués pour obtenir une augmentation de 50 euros par mois... augmentation à laquelle Carrefour dit ne pas pouvoir faire face. L'arrogance et le mépris du patronat n'ont décidément pour limites que celles que les travailleurs leur imposent.

Face à la nouvelle attaque que constitue la suppression d'un jour férié, que proposent les organisations syndicales? SUD et la CFTC appellent à la grève à juste titre, mais en ce qui concerne la CFTC (syndicat chrétien) c'est pour nous envoyer à la messe. Dans les entreprises où la Pentecôte sera chômée, mais où un jour de RTT sera supprimé, appellera-t-elle à la mobilisation? La CFDT quant à elle, est allée jusqu'à déclarer que cette grève aurait un caractère anti-constitutionnel et se refuse donc a toute action. Même le Medef n'avait pas songé à proférer de telles énormités. Quant à la CGT, tout en disant envisager «une journée d'action pouvant aller jusqu'à la grève» -formulation déjà plus que timide- certains de ses responsables se félicitent d'un prétendu recul de la SNCF qui envisage d'augmenter le temps de travail de 1,52 minutes par jour, sous prétexte de garder le jour de la Pentecôte chômé.

Pourtant c'est une journée de grève générale qu'il faudrait le 16 mai. Pas seulement pour empêcher le gouvernement et le patronat de nous imposer une journée de travail gratuit, mais aussi, à titre de premier avertissement, pour montrer que nous comptons nous mobiliser tous ensemble pour obtenir des augmentations de salaire de 300 euros par mois pour tous; interdire les licenciements sous peine de réquisition; baisser le temps de travail et embaucher les chômeurs dans les nombreux secteurs où la baisse des effectifs se révèle catastrophique.

La traditionnelle manifestation du 1er mai aurait pu être une première occasion d'affirmer ces objectifs, au-delà de la signification symbolique de cette journée pour le monde du travail. La plupart des organisations ont préféré faire campagne à cette occasion pour le «Non» à la constitution européenne. Mais que la constitution soit ou non adoptée, ne changera pas le fait que les mauvais coups continueront à pleuvoir, tant que les travailleurs n'y mettront pas un terme collectivement.

C'est à une riposte d'ensemble du monde du travail qu'il faut s'atteler. Le 16 mai pourrait être le coup d'envoi.

Éditorial du lundi 2 mai 2005 des bulletins d'entreprise l'Étincelle publiés par la Fraction

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