Les patrons seuls responsables des licenciements

La direction du peignage Auchelaine, appartenant au groupe Dewavrin, qui compte encore 204 salariés, a annoncé au début de l'année la suppression de 91 postes qui va prendre effet avant l'été. Parmi eux, il y aurait quelques reclassements et six départs éventuels en inaptitude. À Auchel (près de Béthune), en 1996, nous étions encore 431 salariés, 330 en 2000.

Aujourd'hui, elle supprime donc des emplois et propose une prime de 8000 euros... pour plus de vingt ans d'ancienneté pour la plupart! Et elle déclare pêle-mêle qu'elle «n'est pas responsable de la situation dans le textile, de la clientèle qui s'en va ailleurs, de la concurrence chinoise, de la force de l'euro, de la faiblesse du dollar...», tout cela «dans un contexte où personne ne fait rien pour venir en aide à l'industrie française», ose-t-elle ajouter.

Mais dans le même temps, la direction veut «réorganiser fondamentalement la production», c'est-à-dire remplacer ceux qui vont partir par la «polycompétence» de ceux qui restent.

En 2003, lors du dernier plan de licenciements, la direction prétendait que la laine ne se vendait pas et pourtant la charge de travail avait fortement augmenté pour les ouvriers qui restaient. La production n'avait alors absolument pas baissé, au contraire. C'est même devenu, depuis, une plaisanterie que chacun reprend lorsqu'il y a des coups de bourre: «Surtout, pas de machines à l'arrêt, il faut se dépêcher de produire de la laine qui ne se vend pas!».

Auchelaine est le premier fabricant de laine peignée en France et en Europe, et assure 70% de la production française. Par ailleurs, le groupe Dewavrin se porte bien: il est numéro1 mondial du mohair, par exemple. En 2002, le groupe a ouvert une usine en Bulgarie. La famille Dewavrin, une vieille famille du textile, est au palmarès des fortunes de France. La CGT a même révélé que les Dewavrin viennent de s'acheter des terrains en Corse afin d'y construire des hôtels, des villas et un centre de thalasso...

Alors, il y a vraiment de quoi se mettre en rage.