La Redoute Quai 30 – Wattrelos : les rappels à l’ordre ne passent pas11/10/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/10/2880.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Redoute Quai 30 – Wattrelos : les rappels à l’ordre ne passent pas

Le site de Quai 30 de La Redoute à Wattrelos, dans le Nord, est celui d’envoi des colis essentiellement textiles. Environ 400 travailleurs s’y relaient en deux équipes en semaine et deux équipes en week-end, matin et après-midi. Les conditions de travail y sont très pénibles.

La direction cherche à imposer un rythme intense, les pauses sont rognées, le flicage antiportable, antidiscussion entre collègues s’intensifie. Les propriétaires de La Redoute sont depuis 2017 les mêmes que ceux des Galeries Lafayette, les Moulin-Houzé, 41e fortune de France. Ils en sont même devenus propriétaires à 100 % depuis 2022. Les deux ex-cadres dirigeants, Balla et Courteille, leur ont revendu leurs parts et ont empoché un pactole qui tournerait autour de 250 millions d’euros chacun. Les hauts cadres ont aussi touché des millions d’euros, et quelques travailleurs, qui avaient misé une centaine d’euros, ont eu autour de 100 000 euros. C’est autour d’un milliard créé par le travail de tous qui a ainsi été empoché par cette minorité. Par contre, la hausse de salaire octroyée à tous les salariés cette année a été de… 53 euros net.

En 2023, la crise et l’inflation ont frappé l’activité. Dès la reprise à 100 % par les Moulin-Houzé, un plan de réduction du personnel a été mis en place pour se débarrasser des plus anciens. Ils ont proposé des reconversions à ceux dont les métiers sont dits fragilisés. Des départs volontaires indemnisés à 70 % puis à 80 % de l’ancien salaire jusqu’à la retraite ont été proposés, et des salariés épuisés sont partis, mais ils n’ont pas été remplacés.

Dans ce contexte, l’acharnement de la hiérarchie à faire travailler toujours plus les salariés qui restent à Quai 30 s’est accentué. Les courriers pour rappel à l’ordre se multiplient. Ils sont souvent liés à des questions de productivité. Dernièrement, quatre travailleurs ont été injustement convoqués à des entretiens disciplinaires pouvant aller jusqu’au licenciement. La direction leur reproche de ne pas avoir travaillé sur un troisième poste au picking (ex-ramassage). Ils avaient effectivement exprimé collectivement leur mécontentement au sujet des trois postes à tenir que la direction voudrait imposer, alors que deux sont déjà trop. À voir le nombre d’arrêts maladie, d’inaptitudes et de maladies professionnelles, c’est vouloir user encore plus pour éjecter de l’entreprise les travailleurs qui restent.

Mercredi 4 octobre au matin, 55 travailleurs sur les 80 présents ont débrayé pour accompagner deux collègues et dénoncer cette politique répressive. Le vendredi matin, ils étaient encore plus nombreux pour l’entretien des deux autres collègues. L’après-midi, encore une trentaine de salariés des équipes ont arrêté le travail. La hiérarchie a été surprise de cette mobilisation à laquelle elle ne s’attendait pas et ça a fait plaisir à tous les participants.

Lors des débrayages, le responsable du site a parlé de la baisse actuelle de la rentabilité de l’entreprise, pour souligner la nécessité de maintenir un fort taux de productivité sur le site. C’est donc avouer que cette politique répressive serait à relier aux difficultés annoncées récemment par le directeur général de La Redoute. Dans la course à la rentabilité pour augmenter ou maintenir les profits, la recette des patrons est toujours la même : réduire la masse salariale en supprimant le maximum d’emplois et en répartissant la charge de travail sur ceux qui restent.

Toutes les annonces volontairement alarmistes sonnent comme un avertissement aux travailleurs de La Redoute. Ils doivent se préparer à se défendre, comme ils l’ont déjà fait plusieurs fois dans le passé.

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