La Poste – Paris Brune : les postiers voient rouge11/10/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/10/2880.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste – Paris Brune : les postiers voient rouge

Depuis le début du mois d’octobre, 80 postiers du centre Paris 5-13, qui vient de fermer, ont dû rejoindre ceux du 14e arrondissement. Ce déménagement ne s’est pas fait de gaîté de cœur.

L’éloignement des lieux de tournée situés dans les 5e et 13e arrondissements de Paris a dégradé considérablement les conditions de travail. La place manque à l’intérieur du centre comme sur les quais, qui doivent être partagés par les chauffeurs de trois arrondissements. Le personnel et le temps manquent dans tous les services pour faire son travail correctement, sans dépasser ses horaires. Par exemple les chauffeurs qui doivent livrer le courrier dans les « îlots » de facteurs, relever les boîtes jaunes, livrer le courrier et les paquets aux gardiens, perdent 40 minutes dans la circulation parisienne, au lieu de 20 minutes prévues pour arriver à leur premier point de distribution. Du coup, dans le centre, le courrier et les paquets en retard se sont accumulés et le mécontentement aussi, au point de provoquer la colère.

Jeudi 5 octobre, quelques-uns ont craqué et décidé de rentrer chez eux. La nouvelle s’est répandue très vite et petit à petit, par groupes, une cinquantaine de postiers de Paris 5-13 se sont retrouvés sur le boulevard Brune, ainsi que quelques collègues du 14e arrondissement venus voir ce qui se passait. Les membres de la direction, visiblement paniqués, ont fini par sortir et ont dû écouter ce que les postiers avaient à dire : ils en ont assez de venir au travail la boule au ventre, de ne plus avoir le temps de faire un travail correct, de rentrer chez eux lessivés… Mielleuse, la direction a proposé qu’ils fassent avec leur encadrant la liste de ce qui n’allait pas. Pas dupes de la manœuvre, ils ont refusé, la direction étant au courant depuis des mois des remontées faites par le personnel sur les conséquences de cette réorganisation.

Puisque la direction voulait que les travailleurs rassemblés listent leurs revendications, ceux-ci ont exigé que la journée de grève soit payée pour avoir le temps de le faire. Cela a été accepté et c’est donc en salle de pause que la cinquantaine de postiers se sont retrouvés pour discuter et voter la liste de ce qu’ils voulaient, et de ce qu’ils ne voulaient plus. Un permanent du syndicat Sud, en contact téléphonique avec la direction parisienne, a bien tenu à déclarer que, si le travail ne reprenait pas, la prime de réorganisation serait perdue, mais cela n’a impressionné personne.

Les postiers mobilisés sont allés tous ensemble porter cette liste de leurs demandes au directeur, qui s’attendait, lui, à recevoir les représentants syndicaux. Mais ils ont fait savoir qu’ils refusaient de s’asseoir autour de la table pour discuter avec des gens qui agitaient des menaces, laissant seul le directeur avec ses chefs et les permanents syndicaux.

À la fin de la matinée, la direction a fait savoir qu’elle acceptait d’embaucher des renforts provisoires et de prendre quelques mesures pour alléger la charge de travail. Si tout n’est pas réglé, les cinquante postiers ont pu reprendre le travail le lendemain en étant fiers d’avoir eu cette réaction salutaire.

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