Lycée Élisa-Lemonnier : élèves et personnel réagissent11/10/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/10/2880.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lycée Élisa-Lemonnier : élèves et personnel réagissent

Infesté par des punaises de lit, le lycée Élisa-Lemonnier, à Paris 12e, a fait la une des médias. Mais ceux-ci sont beaucoup plus discrets sur la dégradation générale dans laquelle s’enfonce le lycée depuis la rentrée.

Pour encadrer 1 200 jeu­nes issus de milieux populaires, les surveillants, professeurs, psychologues, agents techniques et administratifs manquent. Les élèves souffrant de troubles psychologiques ou cognitifs sont livrés à eux-mêmes la majorité du temps. Il n’y a qu’un poste et demi d’infirmière et une seule médecin… deux jours par mois ! L’ambiance est chaotique dans les cours, les tensions se multiplient avec violences verbales, menaces physiques contre une surveillante, agressions physiques contre une agente d’accueil, bagarres et même attouchements dans les couloirs.

Il faut croire que, dans cette société, l’éducation de la jeunesse populaire doit se faire avec des bouts de ficelle. Le personnel devrait accepter cette dégradation, ne pas revendiquer et renoncer à installer le calme. Le proviseur refuse donc les mesures de discipline préventive indispensables pour protéger l’enseignement et la collectivité. Les rapports d’incidents sont ignorés ou minorés.

Quand 60 personnes se sont réunies mardi 3 octobre, une participante a ainsi résumé l’état d’esprit général : « Je ne me demande pas si un prochain incident aura lieu, mais quand il aura lieu. » Des élèves, surtout des filles, préparent une assemblée générale pour lutter contre les agressions qu’elles subissent. C’est dans cette mobilisation montante que, mercredi 4 au soir, a été révélée la présence de punaises de lit dans le lycée.

Au lieu des mesures immédiates urgentes, l’État a eu la même réaction que face aux violences : habituer les travailleurs et la jeunesse à accepter en silence. Jeudi 5 octobre au matin, l’envoyé du ministère a donc affirmé que les punaises n’étaient qu’un « désagrément », que le lycée resterait ouvert, et évidemment que les familles et le personnel dont les domiciles seraient contaminés auraient à se débrouiller pour payer la désinfection.

Il a fallu un coup de colère du personnel, des élèves et de leur famille, pour obtenir qu’une désinfection totale soit réalisée pendant le week-end. Les punaises momentanément écartées, reste à obtenir les moyens humains et les mesures d’urgence pour une éducation digne de ce nom.

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