Lundi 2 octobre, 67 femmes groenlandaises ont envoyé une lettre au gouvernement du Danemark pour exiger une compensation de 40 000 euros parce que ce dernier leur avait imposé la pose d’un stérilet dans les années 1960.

En effet, des années après avoir mis fin officiellement à la colonisation du Groenland, le gouvernement du Danemark prétendait limiter la démographie de cette partie du royaume peuplée en majorité par les Inuits. Les naissances étaient, selon lui, trop nombreuses et coûtaient cher au royaume en construction d’écoles et de frais divers. Le racisme à l’égard des Inuits, le mépris colonial ont conduit à imposer des stérilets à des mineures, sans même le consentement de leurs parents.

Ainsi, sur une population de 9 000 femmes en âge de procréer, 4 500 d’entre elles, avec ou sans leur consentement, se sont vu poser un stérilet entre 1966 et 1990. Des jeunes filles de 14 ans, qui n’avaient jamais eu de rapports sexuels, ont subi la pose de ce dispositif qui, pour certaines, les a rendues stériles. D’autres ont eu des grossesses extra-utérines. Des femmes qui se croyaient stériles ont fini par apprendre, en consultant un gynécologue, qu’elles avaient un stérilet.

Le gouvernement danois a promis d’ouvrir une enquête sur ce scandale. Mais il ne s’agit pas d’un cas spécifique au Danemark. C’est même une caractéristique fréquente des puissances coloniales d’avoir voulu réguler la natalité des peuples colonisés. En France, dans les mêmes années, alors que l’avortement était interdit, le gouvernement gaulliste a lancé une campagne d’avortements forcés et de stérilisations à La Réunion dont 3 000 femmes pauvres auraient été victimes. Avec le même mépris, le gouvernement déportait des centaines de jeunes en métropole.

Le colonialisme n’a pas fini d’empoisonner la vie des peuples.