Une politique terroriste d’État11/10/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/10/2880.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

guerre au moyen-orient

Une politique terroriste d’État

Samedi 7 octobre, le Hamas a déclenché une offensive de grande ampleur contre Israël. Après avoir tiré plusieurs milliers de roquettes depuis la bande de Gaza, des commandos ont réussi à s’infiltrer en Israël par voie terrestre, aérienne et maritime, cherchant à tuer aveuglément les hommes, femmes et enfants qu’ils rencontraient, faisant plus de 1 200 morts et 2 400 blessés. Plus d’une centaine de personnes seraient retenues comme otages à Gaza.

Du côté du gouvernement israélien et de l’état-major, la surprise semble avoir été totale. La barrière sécurisée ultra­moderne construite autour de Gaza était réputée infranchissable et son installation avait coûté des milliards de dollars. La majorité des commandos du Hamas sont cependant passés par le poste-frontière d’Erez, point de passage destiné aux civils palestiniens, dont ils ont réussi à prendre le contrôle. Ils sont aussi parvenus à se rendre maîtres du quartier général de la division de Gaza, ce qui a désorganisé les troupes israéliennes.

La responsabilité de cette nouvelle guerre qui vient d’éclater incombe en premier lieu au gouvernement israélien. Son Premier ministre, Benyamin Netanyahou, est revenu au pouvoir en décembre 2022 en constituant le gouvernement le plus à droite de l’histoire du pays, formé avec des partis religieux ultranationalistes et ouvertement racistes. Vis-à-vis des Palestiniens, Neta­nyahou n’a fait qu’aggraver la répression et développer la colonisation en Cisjordanie.

Au-delà de la politique menée ces derniers temps par Netanyahou et l’extrême droite, c’est la politique menée par tous les gouvernements israéliens depuis 1948, consistant à spolier les Palestiniens de leurs terres et à leur refuser le droit à une existence nationale, qui est responsable des affrontements guerriers qui ensanglantent la région à intervalles réguliers. Loin de garantir la sécurité des Israéliens comme ses dirigeants l’ont toujours prétendu, cette politique a alimenté la colère des Palestiniens et un légitime sentiment de révolte. Après le bref intermède ouvert par les accords d’Oslo en 1993-1995, l’intransigeance affichée par les gouvernements israéliens a poussé les plus désespérés des Palestiniens à se tourner vers les organisations intégristes et notamment le Hamas. En misant sur ses actions militaires, celui-ci a réussi à apparaître comme la seule organisation prête à se battre contre l’occupant.

L’État israélien a répondu à l’attaque du Hamas par un terrorisme aussi aveugle que le sien mais à une échelle bien plus grande. Son aviation et son artillerie ont bombardé massivement Gaza. Des immeubles résidentiels, y compris de grandes tours, ainsi que des écoles et des bâtiments de l’ONU ont été détruits. Le ministère palestinien de la Santé à Gaza faisait déjà état, lundi 9 octobre, de 690 morts, dont 20 enfants, et de 3 700 blessés. Le ministre israélien de la Défense a déclaré que les deux millions de Gazaouis seraient soumis à un « siège complet », les privant d’eau, d’électricité, alors que la population subit déjà un blocus sévère depuis seize ans. Le gouvernement prépare probablement une invasion terrestre du territoire, qui connaît ainsi une cinquième guerre en moins de vingt ans.

Depuis la création ­d’Israël, ses dirigeants ont cherché à convaincre sa population que sa sécurité serait assurée en montrant la force de son armée, voire en construisant des barrières sécurisées, pour faire accepter aux Palestiniens qu’il a chassés de leurs terres cette situation d’oppression. La nouvelle guerre qui vient d’éclater montre que cela ne mène qu’à des affrontements sans fin.

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