Hausse des prix : la dictature des capitalistes11/10/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/10/P6-1_PRIX_OK_LUPO.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Leur société

Hausse des prix : la dictature des capitalistes

Alors que chaque passage au supermarché ou à la pompe est une source d’angoisse pour des millions de personnes, les députés viennent de décider... d’avancer de six semaines les négociations entre industriels et distributeurs !

Illustration - la dictature des capitalistes

Depuis des mois, les industriels de l’agroalimentaire, comme Danone, Neslé ou Bigard, et les patrons de la grande distribution, Leclerc, Intermarché et les autres, s’accusent mutuellement d’être responsables de la hausse des prix en gonflant les leurs. Chaque année, entre janvier et mars, des négociations se déroulent entre eux pour fixer les prix d’achat des différents produits. Ces tractations entre maquignons reviennent à se partager les profits. Si les industriels prennent trop de marges, les distributeurs doivent rogner les leurs ou augmenter encore plus les prix, au risque de ne plus vendre. Début 2023, ces tractations avaient abouti à une hausse moyenne de 17 % dans l’alimentaire. Selon les secteurs et les époques, le bras de fer tourne à l’avantage des fabricants ou des commerçants.

Pour défendre leur fromage, ces derniers n’hésitent pas à se poser en défenseurs des consommateurs. Ainsi, Thierry Cotillard, patron d’Intermarché, accuse-t-il « les fabricants de biscuits de refuser la négociation », alors que « le prix du blé dur a chuté de 15 % ». En réalité, tous sont des profiteurs. Quels que soient les résultats des tractations entre eux, les travailleurs au début de la chaîne, les consommateurs à l’autre bout – eux-mêmes des travailleurs – sont volés. Avancer les négociations de six semaines ne changera rien à cela.

Le gouvernement, qui prétend combattre l’inflation, ne fait que brasser du vent car il ne veut rien imposer aux capitalistes, les seuls décideurs en matière de prix. Bruno Le Maire a ainsi gagné le surnom de « Bruno demande », car il ne cesse de demander respectueusement aux industriels de réduire leurs marges ou aux distributeurs de carburants de vendre à prix coûtant. Avec le succès que l’on sait.

Après avoir éclaté de rire quand les ministres leur ont demandé de vendre le carburant « à perte », les marchands d’énergie ont accepté de vendre à prix coûtant. Mais même cela, ils le feront s’ils le veulent bien. Ainsi, Patrick Pouyané, PDG de TotalEnergies, a-t-il menacé lors d’une inauguration à Lyon, le 6 octobre, de mettre un terme au plafonnement du carburant à 2 euros le litre si le gouvernement reconduisait la contribution exceptionnelle sur les profits pétroliers.

Ce n’est même pas un odieux chantage, c’est l’affirmation que c’est lui qui commande.

Partager