Gaza : l’état de siège permanent11/10/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/10/2880.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

guerre au moyen-orient

Gaza : l’état de siège permanent

Un peu plus de deux millions de Palestiniens vivent entassés dans la bande de Gaza, sur une superficie à peine 50 % plus grande que celle de la ville de Marseille, enfermés entre la mer et une clôture de haute sécurité dotée de tours de surveillance.

La plus grande partie d’entre eux sont des descendants des réfugiés palestiniens qui ont fui pendant la guerre de 1948, qui a donné naissance à l’État d’Israël. La population de la bande de Gaza, territoire occupé entre 1967 et 2005, n’a vu la fin de l’occupation israélienne que pour connaître un triple blocus terrestre, maritime, aérien.

En effet, depuis 2007, depuis que le Hamas après avoir gagné les élections locales s’est hissé au pouvoir dans le territoire, un blocus a été imposé à la population, tant par Israël que par l’Égypte. Plus de la moitié des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, le chômage est à plus de 50 % et touche principalement les jeunes. Espace, eau, électricité, travail, santé, écoles, tout manque à Gaza. Agriculteurs et pêcheurs ont été privés par le blocus de leurs moyens de subsistance et seuls 17 000 habitants ont obtenu un permis de travail en Israël qui leur inflige, chaque jour, de pénibles et humiliantes heures d’attente pour passer les points de contrôle.

La situation des Gazaouis, comme celle des autres Palestiniens dont le droit à vivre de leur travail sur leur terre est bafoué depuis plus de cinquante ans, a fait naître bien des révoltes, en particulier dans la jeunesse. La politique agressive des dirigeants israéliens, la situation d’apartheid qu’ils imposent en Cisjordanie, à Jérusalem-Est, à Gaza comme vis-à-vis de la population arabe d’Israël-même, la colonisation qui a rompu la continuité du territoire, en rendant illusoire même l’idée d’un État palestinien, tout ne peut qu’entretenir cette révolte. La seule perspective offerte à ces révoltes, le nationalisme visant la création d’un État palestinien, s’est avérée une impasse.

De promesse en promes­se, et d’accord en accord, la perspective d’une telle solution politique s’est éloignée. Après les accords d’Oslo, signés entre 1993 et 1995, le mirage qu’était le « processus de paix » entamé sous l’égide des travaillistes israéliens d’Itzak Rabin et de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) de Yasser Arafat s’est évanoui. Le maintien d’une situation d’oppression a abouti d’un côté à la droitisation accélérée du régime israélien, et de l’autre au discrédit des dirigeants politiques palestiniens, réduits en fait au rôle d’administrateurs et de policiers, pour quelque cinq millions d’habitants des territoires occupés.

La permanence de l’oppression et de l’état de guerre entretenus par les dirigeants israéliens a été le terreau du développement au sein de la population palestinienne des courants nationalistes, voire intégristes islamistes se voulant plus radicaux et contestant l’OLP. Celui du Hamas en fait partie. Encouragé au départ par le pouvoir israélien, afin de contrer l’influence de l’OLP, le Hamas s’est renforcé à mesure de l’échec de la politique de celle-ci. Les choix des dirigeants israéliens, de Sharon à Netanyahou, ont ainsi abouti à favoriser, parmi les courants nationalistes palestiniens, ceux dont la politique était la plus opposée au « processus de paix ». Mais ils ont ainsi contribué à faire apparaître les hommes du Hamas comme les seuls combattants représentant le peuple opprimé, et menant la lutte en son nom.

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