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Dans les entreprises
RATP : accident dans le métro, la direction responsable
Le 28 avril la ligne 6 est restée fermée toute la matinée : les conducteurs ont collectivement refusé de rouler en apprenant qu’un des leurs avait passé la nuit en garde à vue. Il conduisait la rame impliquée dans un accident mortel le 22 avril.
Quand un accident grave se produit, tout le monde à la RATP comprend bien qu’une enquête ait lieu. Par contre, ce qui n’est pas passé, c’est qu’un père de famille, conducteur depuis quinze ans et bouleversé par l’accident, ait été emprisonné comme un criminel. Dès sa mise en garde à vue connue, le 27 au soir, le principal syndicat à la conduite, FO, appelait les conducteurs à se mettre en droit de retrait. Le temps que l’information circule, c’est le matin que les travailleurs ont vraiment réagi, sur la ligne 6 qui s’est donc complètement arrêtée, mais aussi sur trois autres lignes. Au même moment, un rassemblement d’une cinquantaine de personnes se tenait au tribunal pour soutenir le collègue incarcéré, qui a fini par être libéré après sa mise en examen pour homicide involontaire.
L’enquête, comme d’habitude, cherchera certainement à déterminer qui de l’agent RATP ou de la victime est le plus responsable. Des responsabilités de la RATP et de son donneur d’ordres Île-de-France Mobilités (IdFM), en revanche, il n’est jamais question.
Elles sont pourtant déterminantes. Les installations de visualisation et les trains sont anciens, et la maintenance se fait à l’économie, avec des suppressions de postes depuis des années. De plus le temps alloué pour faire le trajet est calculé au plus juste, et les conducteurs se voient de plus en plus reprocher les retards, alors qu’il ne s’agit justement que de prendre le temps nécessaire pour partir en toute sécurité. En outre, toujours pour faire des économies, IdFM et la RATP ont réduit le nombre de rames en circulation sous prétexte de Covid. Depuis, la fréquentation est revenue, mais le nombre des trains est toujours réduit. Résultat : les voyageurs s’entassent dans les rames, avec des temps d’attente rallongés qui incitent à monter et descendre au dernier moment.
Les salariés qui ont tenu à marquer leur solidarité non seulement ont eu raison, mais une telle réaction, qui ne s’était pas vue depuis longtemps, est aussi un avertissement pour la direction de la RATP : elle peut nier sa responsabilité, les travailleurs savent à quoi s’en tenir.