Premier Mai du RN : la fête du capital03/05/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/05/2857.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Premier Mai du RN : la fête du capital

Cette année, pour le 1er Mai, le Rassemblement national avait choisi de troquer le bûcher de Jeanne d’Arc pour un banquet au Havre.

Au Havre, Marine Le Pen mettait en scène sa rivalité avec Édouard Philippe, ­actuel maire de la ville, ancien Premier ministre et candidat putatif à l’élection présidentielle de 2027. D’autre part, le choix d’une ville industrielle était « un clin d’œil au monde du travail », selon Jordan ­Bardella, le président du RN. C’était bien sûr pure roublardise, car les discours et déclarations des dirigeants étaient aux antipodes des préoccupations et des intérêts du monde du travail.

« On occupe la place qu’avait auparavant l’UMP » a assuré Bardella. « Je le dis à l’électeur de droite, vous qui n’en pouvez plus du politiquement correct, vous pour qui le mot mérite et le mot nation ont une signification profonde, n’attendez pas et rejoignez-nous ! » Et, dans la parfaite tradition de l’extrême droite, ­l’héritière du château de Montretout a déroulé ses fantasmes concernant la « submersion migratoire » comme le danger civilisationnel que représente le « wokisme », qui menace des « millénaires d’histoire et de culture ».

Au moment même où Le Pen évoquait ces fausses menaces, les travailleurs descendaient une fois de plus dans la rue pour s’opposer à la très réelle menace sur les retraites. Certes, Le Pen s’est prononcée en paroles pour la retraite à 62 ans. Mais elle s’est tenue bien à l’écart du mouvement en répétant : « Le meilleur moyen de lutter contre le gouvernement, c’est de voter, c’est la seule chose qui marche. » Eh bien, justement, non. Les travailleurs n’ont jamais rien obtenu que par leurs luttes collectives, jamais en plaçant leur confiance dans les promesses de politiciens de droite, de gauche, a fortiori d’extrême droite.

Dans la même veine, Le Pen s’est proclamée, contrairement à Macron, seule capable d’assurer la paix sociale. C’est un engagement vis-à-vis du patronat. Car, dans cette période où la crise de l’économie capitaliste se traduit par une amputation croissante des revenus des classes populaires, par une guerre sans relâche menée par la bourgeoisie, la paix sociale signifierait la paix des cimetières en matière sociale. Cela signifierait le dépouillement sans réactions de la classe ouvrière. C’est bien l’objectif du RN. Qu’il attire des bourgeois réactionnaires nostalgiques d’un pouvoir fort, du gaullisme et de la monarchie, c’est logique. Mais la place des travailleurs est de combattre dans la rue et dans les grèves la dictature du grand capital, que soutient le RN.

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