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Dans les entreprises
Fonctionnaires : replâtrage des bas salaires
Le conseil des ministres du 26 avril a décidé de relever au 1er mai l’IMT, l’indice minimum de traitement des agents des trois fonctions publiques.
La mesure n’est pas signe de générosité : la loi stipule qu’aucun salaire ne soit être inférieur au smic, et celui-ci augmentait quelque peu à la même date. Le point d’indice qui sert de base à la rémunération des fonctionnaires avait bien été relevé en 2022, même si son augmentation était loin d’atteindre l’inflation réelle. Mais, comme pour toute hausse de salaire en pourcentage, l’augmentation du point d’indice avantage ceux qui ont beaucoup de points, en particulier les hauts fonctionnaires.
Ainsi, un agent de l’État sur cinq, rémunéré dans le bas de la grille, serait payé en dessous du smic si l’IMT ne l’en protégeait pas. L’État employeur vient donc de consentir, pour la cinquième fois en quinze mois, à augmenter parcimonieusement ses salariés, dont les plus pauvres vont donc toucher quelque 20 euros de plus par mois. « Ça ne peut pas être pour solde de tout compte », précise lui-même le ministre concerné, Stéphane Guérini, en évoquant un futur rendez-vous avec les fédérations syndicales.
On est loin en effet du solde de tout compte, car une partie importante des agents de l’État ont un contrat imposé à temps dit « non complet » dans la fonction publique hospitalière ou « incomplet » dans la fonction publique territoriale, dans la catégorie la plus mal payée. Ils étaient 21,7 %, soit environ 200 000 dans cette dernière en 2020. Ces travailleurs ne sont par définition pas éligibles au smic. Quant aux autres salariés du bas de la grille, ils ont droit, pour atteindre ces 1 383 euros net par mois à temps plein, à une indemnité différentielle, dont l’État déduit néanmoins les éventuels avantages en nature du travailleur, comme le repas pris sur le lieu de travail.
Pour « apporter des réponses à la question de l’inflation », ainsi que fait mine de s’interroger le ministre, c’est bien simple. Il faudra imposer des salaires décents, pas inférieurs à 2 000 euros net pour tous, avec un rattrapage de la perte sur plusieurs années, et une indexation sur l’inflation réelle, déterminée par les travailleurs eux-mêmes.