PSA – Aulnay-sous-Bois : Onzième semaine de grève – les travailleurs face à l'alliance patrons-gouvernement27/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2330.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA – Aulnay-sous-Bois : Onzième semaine de grève – les travailleurs face à l'alliance patrons-gouvernement

Le 16 janvier dernier, lors du démarrage de la grève à PSA-Aulnay, personne n'aurait imaginé partir pour un mouvement de cette durée. Et pourtant la grève dure et tient.

La direction rejette toute idée de négociations et le gouvernement a refusé d'envisager les possibilités de contraindre PSA. De plus, huit militants de la grève sont menacés de licenciements, dont deux déjà prononcés.

Toute la semaine, les discussions se sont multipliées au sein du comité de grève et en assemblée générale, pour trouver comment réagir collectivement à cette situation. Du fait de leur capacité à discuter, à décider ensemble, à diriger leur lutte démocratiquement et consciemment, les travailleurs ont trouvé le moyen de ressouder les rangs. C'est ensemble qu'ils continuent, ensemble qu'ils refusent de reprendre le travail sans leurs camarades licenciés, ensemble qu'ils veulent continuer à donner des coups au patron et au gouvernement.

La direction voudrait faire reprendre la production

Vendredi 22 mars, la direction de PSA annonçait en comité d'entreprise son intention de mettre en chômage partiel les travailleurs de l'usine une semaine sur deux, à partir du 8 avril. Cette annonce a aussi fait beaucoup discuter. La direction a un besoin crucial de voitures et la production est toujours à l'arrêt à Aulnay. Mettre tout le monde en une équipe serait une solution pour elle. Et en même temps, en faisant jouer le chômage partiel, la direction de PSA ferait payer à l'État - ô combien consentant - une partie des salaires des travailleurs non grévistes.

Mais pour faire tourner les chaînes, même au ralenti, la direction devra faire pression sur les non-grévistes, en particulier les intérimaires, pour leur demander de faire plusieurs postes. Elle a déjà commencé à le faire dans certains coins. Au Ferrage, les grévistes ont eu la mauvaise surprise de trouver un chef qui imposait quatre postes à un intérimaire. Face à leur colère, le contremaître a vite reculé. Les grévistes sont donc passés sur les chaînes à l'arrêt, vendredi 22 mars, pour demander aux non-grévistes de refuser de tenir plusieurs postes. Ils ont pu constater que bien peu d'entre eux sont prêts à aider la direction à briser la grève. Les liens entre grévistes et non-grévistes dans l'usine restent donc une force contre la direction.

Une grève toujours aussi populaire

Lundi 25 mars au matin, la grève a repris sans souci. Les grévistes ont accueilli des délégations venues d'autres usines comme Renault Cléon, pour leur apporter un soutien moral... et pécuniaire.

La solidarité financière ne s'est pas tarie durant toutes ces semaines. La caisse de grève compte de nouveau près de 250 000 euros. Les grévistes discutent pour décider ensemble de la façon de partager et de répartir cet argent à la fin du mois.

Derrière cette somme, ce sont toujours des milliers de salariés, de retraités qui soutiennent la grève. Ils le font car ils sentent que ce combat est aussi le leur, que la lutte des ouvriers de PSA renforce tous les travailleurs.

Une direction pas si forte qu'elle voudrait le faire croire

Mardi 26 mars, plus de 200 travailleurs d'Aulnay sont allés manifester devant le tribunal de Versailles pour soutenir la plainte déposée par la fédération CGT de la métallurgie. La direction de PSA, que cette possibilité de procédure juridique contre son projet dérange, a tout fait pour renvoyer le jugement à plus tard. Ce renvoi a été plaidé, non seulement par l'avocat de la direction, mais par d'autres avocats qui ont eu beau se présenter comme des amis des ouvriers, mais n'en ont pas moins agi contre la volonté des grévistes. Autant dire que ce n'est pas ce genre d'individus qui peuvent servir le combat contre les licenciements. La décision a été renvoyée et cela arrange PSA.

Mais, dans le même temps, la direction a reçu dernièrement plusieurs camouflets. Après avoir reculé sur le licenciement d'un militant de la grève, elle a dû encaisser le refus par l'inspectrice du travail du licenciement de deux délégués, venant après un précédent refus de licenciement. Ces enquêtes mettent à jour les incohérences et les mensonges de la direction, qui pourrait bien se retrouver obligée de reculer sur les sanctions et les licenciements. Tant que la grève dure, les travailleurs ont les moyens de la faire céder là-dessus.

Ce que les travailleurs vivent dans cette lutte durant ces semaines, ce qu'ils apprennent, ce sont des armes pour l'avenir. Sur ce terrain, le patron a déjà perdu bien plus que des dizaines de milliers de voitures.

Partager