La Cour de cassation et la crèche Baby Loup : Une attaque contre les droits des femmes27/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2330.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La Cour de cassation et la crèche Baby Loup : Une attaque contre les droits des femmes

La Cour de cassation a annulé le 19 mars le licenciement d'une employée de la crèche Baby Loup de Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines, qui avait refusé d'enlever son voile islamique. La Cour a estimé d'une part que, cette crèche étant une entreprise privée qui ne gère pas un service public, les principes de neutralité et de laïcité défendus par la Constitution ne s'y appliquent pas. D'autre part, elle a mis en avant le fait que le règlement intérieur de Baby Loup n'indiquait pas explicitement l'interdiction du port du voile.

Ce jugement a soulevé à juste titre une vague de protestations, car il donne des armes aux obscurantistes de tout bord, et nombreux sont ceux qui réclament une révision des lois existantes, demandant l'élargissement de l'interdiction des signes ostensibles d'appartenance religieuse au nom de la laïcité. Mais le port du voile, ou pire du niqab, n'est pas une question de religion. C'est le symbole de l'asservissement des femmes devant une loi occulte imposée par des hommes ultra-réactionnaires qui, au nom de prétendus principes sacrés, dénient tout droit et toute égalité aux femmes.

C'est justement pour que les femmes de milieu populaire, majoritairement immigrées, puissent acquérir leur indépendance que Baby Loup a été créée. Il ne s'agit pas simplement d'une crèche, mais d'une structure associative mixte, accueillant les enfants et œuvrant à l'insertion professionnelle des femmes de Chanteloup-les-Vignes, afin qu'elles ne restent pas isolées dans leur cité loin de tout. Partant du constat que, dans les quartiers difficiles, les femmes sont bloquées dans leur recherche d'emploi par la garde de leurs enfants et leur peu de qualification, Baby Loup veut agir sur les deux fronts. Elle leur offre une crèche ouverte sept jours sur sept et 24 heures sur 24, avec en plus la possibilité d'y déposer des enfants un nombre d'heures à leur convenance, pour permettre à celles qui sont seules ou en horaires décalés (par exemple les femmes faisant le ménage dans des bureaux) de travailler. L'association finance aussi la formation professionnelle des femmes visant à déboucher sur un emploi à plein temps correctement payé.

Par son jugement, la Cour de cassation n'a pas seulement renforcé les réactionnaires religieux, il a atteint aussi une association militant concrètement pour les droits des femmes.

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