Chypre : Les étrangleurs des peuples à l'œuvre27/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2330.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Chypre : Les étrangleurs des peuples à l'œuvre

Après avoir été reléguée au second plan par la démission de Cahuzac et la mise en examen de Sarkozy, la crise chypriote est maintenant noyée dans les polémiques et les petites phrases. À droite comme à gauche, les politiciens sont empêtrés dans les affaires et dans leurs combats de coqs, alors que la maison brûle !

La mise en faillite de la seconde banque chypriote montre la gravité de la crise financière, qui va de rebondissement en rebondissement. Que Chypre, le plus petit pays de la zone euro, fasse planer la menace d'une explosion de l'euro et la peur d'un krach bancaire généralisé montre que nous sommes assis sur un volcan financier.

Les dirigeants européens ont essayé d'éteindre l'incendie chypriote en proposant de taxer les dépôts bancaires, y compris ceux des petites gens. Mal leur en a pris : l'annonce de cette taxation a failli plonger tout le système dans le chaos !

Elle a été un coup de tonnerre, et pas seulement pour les Chypriotes, qui se sont soulevés contre ce racket, mais pour le monde financier, qui a craint qu'elle ne déclenche une défiance généralisée vis-à-vis des banques. Peu après avoir annoncé cette mesure, ils l'ont donc abandonnée.

Les chefs d'État sont complètement dépassés par la situation et personne ne sait ce qui va se passer lorsque les banques chypriotes rouvriront après avoir été fermées pendant une semaine.

Les dirigeants européens prétendent que leur nouveau plan s'attaque au paradis fiscal qu'est Chypre et protège les petits épargnants. Ils veulent maintenant se donner des allures vertueuses. Quel cynisme ! Les petits épargnants ne seront pas taxés sur leur compte, mais ils le seront autrement. Ils le seront du simple fait que, sur une île de moins d'un million d'habitants, les milliers de licenciements prévus dans le secteur bancaire seront une catastrophe ; ils le seront car, comme en Grèce ou en Espagne, l'austérité appellera l'austérité.

Quant à dire, comme Moscovici, que le nouveau plan s'attaque à « l'économie de casino » parce qu'il fait payer les gros comptes russes, c'est risible ! C'est l'économie mondiale dans son ensemble qui est une économie de casino, et à ce jeu-là Chypre ne joue qu'en dernière division.

Toute la classe capitaliste consacre depuis des années une partie croissante de ce qu'elle tire de l'exploitation des travailleurs et des aides publiques à spéculer, au lieu de l'investir dans la production. Voilà ce qui alimente le volcan financier.

L'économie capitaliste est le règne de la concurrence anarchique, une guerre pour les marchés et les profits qui ne peut déboucher que sur des crises. Les « plans de sauvetage » sont autant de fuites en avant, où les dirigeants des États font ce que les financiers leur demandent de faire : ils refinancent les banques, c'est-à-dire réalimentent la spéculation à coups de milliards, en imposant en contrepartie des plans d'austérité drastiques qui conduisent à des ponctions injustes et criminelles sur les plus démunis.

Dans tous les pays qui ont subi ce genre de « sauvetage », le chômage a explosé, les petits commerces ferment, les retraités et les travailleurs sont réduits à la misère, l'économie a plongé dans la dépression. Le remède est pire que le mal !

En France, la même spirale de la récession est à l'œuvre : restrictions pour les hôpitaux, pour les collectivités locales, augmentation de la TVA, remise en cause des retraites, multiplication des licenciements et baisse du pouvoir d'achat.

Cette politique est menée par la droite comme par la gauche à l'échelle de toute l'Europe, car les gouvernements n'imaginent pas désobéir aux véritables maîtres de l'économie que sont les capitalistes ; parce que leur unique préoccupation est de sauver la mise aux plus riches, sauver leurs profits et leur fortune, quand bien même ceux-ci sont de dangereux spéculateurs, et quitte à ce que l'économie et la société en meurent.

Mais les travailleurs, principales victimes d'un système aussi injuste que fou, ne sont pas condamnés à subir. Ils ont pour eux leur nombre et le fait qu'ils font tourner toute l'économie. Il leur faut renouer avec les valeurs du mouvement ouvrier, car il faut non seulement que les travailleurs se défendent pied à pied, mais aussi qu'ils prennent conscience qu'ils ont la force, la puissance sociale, pour enlever le pouvoir à la bourgeoisie et à ses pantins politiques et pour exproprier le grand capital qui mène la société à la catastrophe.

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes », affirment depuis toujours les communistes. Cet objectif n'est pas une nécessité seulement pour les exploités mais pour toute la société.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 25 mars

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