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- Lutte ouvrière n°2330
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Élection partielle dans l'Oise : PS et UMP ouvrent un boulevard à l'extrême droite
Le premier tour avait déjà vu l'élimination de la candidate PS, Sylvie Houssin, qui avait talonné Mancel en 2012 et de ce fait avait pu obtenir l'annulation de l'élection de ce dernier. L'autre fait avait été l'abstention massive, ce qui est le cas, il est vrai, dans toutes les élections partielles. Une bonne partie de l'électorat populaire de gauche avait donc refusé de donner sa voix à celle qui représentait la politique antiouvrière du gouvernement Hollande-Ayrault. La candidate du Front national avait obtenu 26,58 % des voix et avait pu être présente au deuxième tour, tout en ayant perdu des voix en valeur absolue par rapport à la dernière élection de juin 2012, comme pratiquement tous les autres candidats.
Avec un deuxième tour entre Mancel et la candidate FN, le choix n'était vraiment pas engageant. La direction nationale du PS ne s'en est pas moins empressée d'appeler à voter Mancel au « nom de la défense des valeurs républicaines ». Drôles de « valeurs » en vérité que celles défendues par Mancel.
Outre ses flirts avec l'extrême droite pour tenter de se maintenir aux moments les plus difficiles, Mancel est surtout connu dans la région pour s'être servi dans les caisses publiques. Accusé par la Chambre régionale des comptes d'avoir pendant des années confondu les caisses du Conseil général de l'Oise avec son portefeuille personnel, en faisant payer par les caisses de ce dernier toutes ses dépenses, y compris les yaourts et le linge de corps, Mancel a vu le procureur, saisi sous le gouvernement Jospin, se contenter de lui demander de rembourser une petite partie de ces détournements pour classer l'affaire. Il est aussi reconnu coupable par la Chambre régionale des comptes d'avoir détourné de leur objet une partie des finances du Conseil général et a été condamné par cette dernière à dix ans d'inéligibilité. Mais l'appel fait auprès de la Cour des comptes est resté sous le coude de Pierre Joxe, président de l'institution et haute figure du PS, pendant un temps assez long pour qu'il le transmette à son successeur de droite afin que celui-ci classe le dossier en cassant la décision de la chambre régionale.
Enfin, malgré tout définitivement condamné à de la prison avec sursis, et par suite à nouveau à dix ans d'inéligibilité dans une autre affaire de détournement de fonds, Mancel a pu bénéficier d'une procédure que peu de monde connaît, celle de la dispense d'exécution de peine pour un délinquant, dispense octroyée par la Cour d'appel. Et c'est ainsi que ce triste personnage, à défaut d'être blanchi, a pu se faire réélire.
C'est ce curriculum vitae hors norme qui a fait que la candidate PS s'est refusée à appeler à voter pour lui au deuxième tour, en opposition à la direction de son parti qui appelait à voter Mancel. De même, de nombreux électeurs de gauche des milieux populaires ne voulaient pas s'y rallier et une partie ont voté FN.
En effet, si Mancel a gagné 2 117 voix entre les deux tours, la candidate du FN en a gagné 5 941. Et cette progression est très nette dans les quartiers populaires de Beauvais ou des villes ouvrières comme Sérifontaine, où le candidat du Front de gauche avait fait un très bon résultat. Mancel, lui, fait ses meilleurs résultats dans les villes et quartiers bourgeois.
Le FN se présente démagogiquement comme l'opposé des politiciens professionnels et profite du fait que le PS au gouvernement mène une politique qui provoque de plus en plus l'hostilité franche, quand ce n'est pas la colère ou le dégoût, au sein de la classe ouvrière et des victimes de la crise. Il ne s'en place pas moins sur le même terrain que les autres partis de la bourgeoisie, postulant à aller aux affaires pour défendre les intérêts de la classe capitaliste et des plus riches, et défendant les idées les plus réactionnaires. Le monde du travail doit savoir qu'il a là un de ses adversaires les plus affirmés.