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Dans le monde
Chypre : Une tentative pour sauver les banquiers
La banque Laïki, deuxième banque du pays, est mise en faillite. Ses bons actifs sont repris par la Bank of Cyprus, qui se chargera aussi de ses dettes envers la Banque centrale européenne mais recevra en retour plusieurs milliards d'euros pour se recapitaliser. Les dépôts au-dessus de 100 000 euros seront taxés de façon progressive, à un taux à déterminer, et le porte-parole du gouvernement évoque une ponction de 30 % pour les plus importants. Les dépôts d'un montant inférieur ne seront pas touchés. Il est prévu aussi de passer le taux d'impôt sur les sociétés, qui est le plus bas d'Europe, de 10 à 12,5 %.
Voilà ce qu'on nous présente comme un moyen d'assainir un système économique perverti, le paradis du blanchiment d'argent sale et... russe.Mais les riches porteurs de capitaux, russes ou autres, ont plus d'un paradis fiscal dans leur sac. Il semble d'ailleurs que de gros capitaux aient déjà été retirés des banques chypriotes par le biais de leurs filiales à l'étranger, en direction sans doute d'autres lieux moins risqués.
Ce plan n'est en fait qu'un énième colmatage d'un système financier totalement absurde et dévastateur pour les populations. La perspective qu'il offre à la population chypriote, c'est une situation « à la grecque ». À l'été 2012, la faillite guettait déjà les banques de Chypre, qui avaient perdu 4,5 milliards lors de la restructuration des banques grecques. La Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne et FMI) a alors imposé au gouvernement du dirigeant du Parti communiste Dimitris Christofias un plan d'austérité : hausse de la TVA de 15 % à 17 %, réduction du nombre de fonctionnaires, baisse des salaires des futurs fonctionnaires, hausse des impôts. Le nouveau gouvernement du conservateur Nicos Anastasiades continue sur la même lancée.
Résultat : le taux de chômage, qui a doublé en un an, touche 15 % de la population active, la faillite de Laïki va entraîner la disparition de milliers d'emplois et les employés de la Bank of Cyprus ne savent pas encore combien d'entre eux paieront la restructuration. Tout cela dans un petit pays - la partie grecque de Chypre compte moins d'un million d'habitants - où les services financiers sont devenus les principaux employeurs... et licencieurs.
C'est ce que les commis des groupes financiers, ministres et chefs d'État, appellent un « sauvetage ».