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- Lutte ouvrière n°2299
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Guadeloupe -- Épandage aérien : L'État défend les intérêts des patrons de la banane au mépris de la santé de la population
Le préfet de Guadeloupe a pris le 15 juillet un arrêté de prolongation de l'épandage aérien (...) de pesticides hautement toxiques utilisés contre la cercosporiose, champignon qui affecte les feuilles de bananier.
Cette décision a été prise au mépris des protestations qui se sont exprimées contre cette pratique. En effet la consultation populaire en préfecture et sous-préfecture a eu comme résultat qu'une majorité de personnes se sont prononcées contre. (...)
Certaines conditions sont présentées comme des solutions pour épargner la population, à savoir l'épandage éloigné de 50 mètres des habitations et l'information donnée deux jours avant l'exécution. Leurs défenseurs sont les planteurs et le préfet. Mais leurs arguments ne tiennent pas la route. Les produits utilisés se dispersent facilement dans l'atmosphère, quel que soit le parcours utilisé par l'hélicoptère. Quant aux informations données à la population, elles pourraient se résumer ainsi : « Vous serez intoxiqués dans deux jours », ou « Vous serez intoxiqués au-delà des 50 mètres. » La population n'a en effet aucun moyen de vérification et de contrôle, et encore moins de protection préventive.
L'État s'est donc rangé du côté des planteurs, en particulier du lobby béké qui n'a jamais manqué de faire des déclarations méprisantes et hypocrites pour justifier l'épandage. Que ce soit le président du groupement des producteurs de banane, M. De Lucy, ou M. Lignières, ces patrons guadeloupéens ont cherché à minimiser les effets nocifs des produits utilisés. Pourtant, au niveau de la recherche médicale ou environnementale, les conclusions sont claires. Les fongicides ont des effets néfastes sur les poumons, sur la peau et peuvent causer des cancers. Le conseil scientifique du parc national a adressé ses conclusions au préfet pour signaler les dégâts que l'épandage produit au niveau des rivières, de la faune et de la flore du parc. Les Eaux et Forêts ont fait les mêmes constats.
Si l'on en croit les patrons de la banane, tous ces scientifiques sont des menteurs. En réalité, ils défendent leurs profits, y compris en faisant prendre des risques à la population et en détruisant l'environnement. On a pu le constater avec la chlordécone, qui a fait des dégâts considérables et pour des siècles.
Pendant des années, dans les plantations, les ouvriers de la banane ont utilisé des pesticides dangereux, tel le mokap, sans protection. Certains d'entre eux ont eu de graves problèmes de santé, d'autres ont perdu la vie. (...)
La population et les travailleurs de la banane ont intérêt à s'unir pour empêcher l'épandage nuisible à tous. (...) Sans cela, il y aura d'autres prolongations, six mois après six mois, voire pendant plusieurs années, pour les profits d'une minorité et contre notre santé.