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Dans le monde
Brésil : Le procès des corrompus
Depuis le 2 août, se déroule devant la Cour suprême de justice de Brasilia le procès du mensalao, cette affaire de corruption qui en 2005 a décimé le gouvernement et la direction des partis brésiliens.
Tout est parti d'une vidéo montrant le directeur de la Poste en train de recevoir un pot-de-vin d'un patron. Prenant sa défense à la télévision, le président du parti qui l'a fait nommer à ce poste lâche que ce n'est qu'une peccadille, à côté de l'achat de votes de députés pratiqué en grand par le gouvernement. Protestations, enquêtes et dénonciations se succèdent, le comble du grotesque étant l'arrestation d'un attaché parlementaire au slip garni de 100 000 dollars en billets verts.
Et peu à peu le système se révèle : une caisse noire de plus de 40 millions d'euros était alimentée par des contributions d'entreprises en échange de commandes et de marchés publics ainsi que par des emprunts et par des détournements de fonds publics. Elle finançait les campagnes électorales du Parti des travailleurs (PT) et versait à des députés de droite le mensalao, autrement dit une grosse mensualité, autour de 10 000 dollars, afin qu'ils votent les lois proposées par le gouvernement, en particulier les lois de « réformes » mettant à mal la Sécurité sociale et les retraites de la fonction publique.
Premier ministre, ministre de l'Economie, président du PT, trésorier national du parti démissionnèrent en cascade, ainsi que nombre de plus petites pointures. Lula, chef historique du PT et président depuis 2003, passa entre les gouttes : il répéta mordicus qu'il n'était au courant de rien de ce que faisaient ses plus proches collaborateurs, et la droite n'insista pas pour l'impliquer. Mais ce fut l'hécatombe dans le milieu dirigeant et, pour trouver un Premier ministre non touché par le scandale, il fallut aller chercher en province un cadre technique de second plan : Dilma Rousseff, l'actuelle présidente.
Sept ans après les faits, ce procès n'a plus d'enjeu politique. Les trente-huit accusés ne sont plus aujourd'hui des premiers rôles. L'ex-président Lula ne joue plus sa réélection. Quant à la droite, qui à l'époque poussait les feux, elle a mieux à faire, empêtrée qu'elle est dans ses propres affaires de corruption. Reste que le mensalao montre comment le PT, un parti issu des luttes contre la dictature militaire, un parti que la classe ouvrière a pu reconnaître comme sien et dont la devise était qu'il « ne vole pas et ne laisse pas voler », pour mener la politique de la bourgeoisie a utilisé les mêmes méthodes corrompues que les partis traditionnels.